Béatrice Toye : « C’est moi qui devrais les remercier »
Elle a ouvert son appartement de St-Martin-Vésubie à Ange Volpi, Murielle Richy et leur chien Helton
C’est moi qui les remercie. Grâce à eux, je fais un bon geste. » Béatrice Toye, Saint-Martinoise et Niçoise de 65 ans, installée depuis mars dernier à Mandelieu-La Napoule, prête son appartement de Saint-Martin-Vesubie à Ange Volpi, Murielle Richy et leur chien Helton.
« On ne savait plus où aller. On ne la remerciera jamais assez ! » Ange, retraité de 70 ans, et sa compagne Murielle, 56 ans, assistante vétérinaire au village, ne peuvent plus accéder à leur maison située au-dessus de Saint-Martin-Vésubie.
Le ruisseau de mètres en faisait !
« Le ruisseau de 3 mètres de large qui coulait cinquante mètres au-dessous de notre maison a emporté la route. Des rochers gros comme des voitures sont tombés sur le parking qui a été enseveli. Nous ne pouvons plus rentrer chez nous et nous n’avons plus de véhicules », résume Ange sans se plaindre, parce que sa maison n’a pas été touchée : «Ilyadessituations bien plus graves. On ne peut pas réaliser lorsqu’on n’est pas sur place. Même les photos ne suffisent pas à montrer la catastrophe. Nous sommes tous très perturbés. »
Le 2 octobre, vers 12 heures, un pompier et un gendarme sont venus les chercher. « Le ruisseau faisait 20 mètres de large. Nous avons eu 10 minutes pour prendre quelques vêtements et nous avons été hélitreuillés jusqu’au village, se remémore Ange qui vit entre Venanson et Saint-Martin-Vésubie depuis une trentaine d’années. Nous avons été hébergés dans le gîte d’amis pendant deux jours. On y était nombreux. Et puis un autre ami a téléphoné à Béatrice, que nous connaissions parce qu’elle est de SaintMartin et qu’elle y a vécu. Elle a mis tout de suite son appartement gratuitement à notre disposition et aussi longtemps qu’on le voudra. Le paradis. Même si on sait qu’elle ne voudra pas, on essaiera de lui donner quelque chose dès qu’on pourra, parce qu’elle aussi à ses propres soucis. Elle est notre sauveur. »
Dans le village, il y a beaucoup de solidarité : «Des camions d’eau minérale, de nourriture, de vêtements. Les repas sont préparés et servis sur la place du village», énumère Ange.
Alors que Murielle aide bénévolement à nourrir les animaux sinistrés, lui donne « un coup de main à droite, à gauche. « Je ne peux pas faire grand-chose à cause de mon genou. J’ai des problèmes cardiaques aussi. Je suis allé chez le cardiologue qui m’a trouvé autre chose. Il me dit que c’est le choc. »
« J’aimerais être làhaut avec eux »
Depuis son jardinet propret de Mandelieu, sous l’avocatier où dort le chat Tonnerre, Béatrice, qui a elle aussi des problèmes de santé, regrette de ne pas être là-haut « par solidarité. Pour être avec eux. Mes amis de Saint-Martin me diraient sans doute que je suis folle, parce qu’eux sont traumatisés. Ils font des cauchemars, entendent encore l’eau et voit la rivière. Mais je regrette de ne pas vivre avec eux tous. Lorsque j’ai mes amis au téléphone, je pleure. »
Pour Béatrice Toye, handicapée après un accident de moto dans les années 80, et qui doit se faire de nouveau opérer en novembre, ce n’est évidemment pas possible de monter au village.
« Avec mon fils Frédéric, qui vit à Antibes, on a été d’accord tout de suite pour prêter cet appartement où mon arrière-grand-mère a vécu. C’est notre manière de participer. Je suis contente qu’Ange et Murielle soient à l’abri. Qu’ils récupèrent tranquillement. »