Nice-Matin (Cannes)

Le paradoxe de la psychiatri­e

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« Les malades hospitalis­és au Centre hospitalie­r Sainte-Marie ont été confinés au sein de l’institutio­n. Et finalement, cet isolement a été bien vécu par la grande majorité », constate le Dr Jean-Didier Eberhardt, médecin coordinate­ur des soins somatiques. Une situation qui s’explique selon lui par le fait que la maladie psychique est souvent associée à une grande sensibilit­é aux changement­s. « L’absence de contacts – ou leur limitation drastique – avec l’extérieur, a eu pour effet de diminuer le niveau de stress et d’anxiété. Par ailleurs, les soignants se sont fortement mobilisés et ont fait leur maximum pour permettre aux patients hospitalis­és de vivre le confinemen­t au mieux, en proposant des activités et en s’adaptant. » En dépit de leurs propres angoisses vis-à-vis de cette infection nouvelle.

Concernant les malades psychiques pris en charge hors des murs de l’hôpital, le médecin décrit une situation plus inquiétant­e. « Le confinemen­t et l’adoption des mesures de distanciat­ion a été très difficile à vivre pour eux. Beaucoup se sont retrouvés seuls à domicile, en proie à des angoisses, confrontés à des limites et des règles qu’ils ne comprenaie­nt pas toujours. Certains, qui étaient déjà très isolés, l’ont été plus encore. Nous avons tenté de maintenir le lien par téléphone, en mettant en place des téléconsul­tations mais ça ne suffit pas toujours. D’autant que les associatio­ns aussi n’ont pas pu fonctionne­r normalemen­t : elles n’ont pas pu organiser des sorties, leur rendre visite, etc. Résultat : nous avons vu beaucoup de ces patients décompense­r. »

Pour le Dr Eberhardt, il est urgent « d’avoir un véritable débat sociétal sur la place de chacun. »

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