Espoir nouveau pour une maladie métabolique rare
Le CHU de Nice, en partenariat avec Angers, va tester un nouveau traitement contre le pseudoxanthome élastique, une maladie rare, très handicapante. Première mondiale
PXE. Pour pseudoxanthome élastique. Une maladie métabolique rare – elle touche 1 personne sur 25 000 – qui ne semble pas affecter l’espérance de vie mais compromet sévèrement sa qualité. Le Pr Georges Leftheriotis, chef de l’Unité de Médecine et d’Explorations Vasculaires du CHU-Nice est l’un des rares spécialistes en France de cette pathologie. Avec le Pr Martin, dermatologue et responsable du centre de référence maladie rare PXE du CHU d’Angers, il s’apprête à lancer un programme de recherche clinique destiné à tester un nouveau traitement dans cette maladie rare responsable de symptômes très invalidants. « Les tissus élastiques de l’organisme, en particulier au niveau de la peau, de la rétine et des artères se calcifient progressivement. Ce qui se traduit par l’apparition de plis cutanés disgracieux dès la petite enfance (vers 6 à 10 ans), mais surtout d’une cécité vers l’âge de 30 à 40 ans et de troubles vasculaires ; les couches élastiques se calcifiant, les artères ont tendance à se boucher. Les patients atteints de PXE présentent ainsi une artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) et ont un risque accru d’accident vasculaire cérébral ischémique », détaille Pr Georges Leftheriotis.
Un « Calgon » physiologique
Alors que l’on savait encore très peu de choses sur les causes du pseudoxanthome élastique - à l’exception du gène en cause (ABCC6) - un pas de géant était réalisé en 2013 avec une découverte fondamentale. « Il a été montré que l’absence de ce gène codant pour un transporteur cellulaire hépatique et rénal provoque la baisse d’un facteur circulant anti-calcifiant protecteur, le pyrophosphate (PPi). Présent dans le sang chez des sujets sains, il empêche la calcification de certains tissus. Comme un « Calgon » physiologique ! Le déficit en PPi chez les patients souffrant de PXE explique la calcification prématurée et la détérioration des fibres élastiques. » Forts de ces nouveaux éléments, les équipes niçoise et angevine ont bâti un projet de recherche clinique destiné à évaluer l’efficacité d’un traitement à base de pyrophosphate (1). « Il s’agit d’un composé très simple, que l’on retrouve dans beaucoup de préparations alimentaires industrielles ; il entre notamment dans la composition de la levure chimique que l’on utilise en pâtisserie (le fameux E451). » Mais celui que l’on absorbe via l’alimentation est presque en totalité détruit par les bactéries du tube digestif, ce qui semble un obstacle insurmontable à son utilisation comme médicament.
« Mais, des études récentes ont permis de montrer que du PPi « naturel », absorbé en dose suffisante, peut permettre de réduire voire stopper chez l’animal la progression des calcifications. Il ne reste donc plus qu’à le tester chez les patients. »
L’essai, soutenu par un programme hospitalier de recherche clinique national, et très attendu par les malades, devrait démarrer début 2021 et s’étendre sur une période de trois ans. « Des patients azuréens (âgés de plus de 18 ans) pourront naturellement être inclus (2), mais ils devront être pris en charge pendant trois jours au CHU d’Angers, pour un check-up