Nice-Matin (Cannes)

Les Broncard, une famille butineuse

Au Revest, depuis deux génération­s, ces apiculteur­s passionnés récoltent des médailles en pagaille.

- VALÉRIE PALA vpala@nicematin.fr

Le miel dans la famille Broncard, « c’est une affaire de père et mère en fils et bellefille. Précisez-le bien ! », lance la matriarche Sylviane. Un vrai travail de couples en équipe, comme la reine ne serait rien sans ses butineuses, et viceversa...

Quand les parents ont commencé au Revest au début des années 1980, c’était l’époque où pas mal de gens avaient quelques ruches

‘‘ dans leur jardin et où le miel de bruyère des Maures ne valait rien. « C’était juste bien pour les colonies », rapporte Ivan, le fils, 37 ans.

Le père, paysagiste, transforme vite ce qui est au départ un complément de revenu en métier et passion, en même temps que l’univers du miel évolue au fil des décennies, avec une flambée générale des prix, jusqu’au produit gourmet qu’il est devenu aujourd’hui.

« Peut-être une meilleure vie »

De 60, il passe à près de 500 ruches environ, le cheptel de son fils aujourd’hui. En monoflorau­x, on connaissai­t alors surtout l’acacia et la lavande.

« Ils ont élargi, se souvient Ivan. Mon père a commencé à aller en

Ardèche pour faire du miel de châtaignie­r, puis de montagne et de sapin ».

Quelques décennies plus tard, en 2009, Ivan, démarre une carrière d’urbaniste, tandis que sa femme Nicola est titulaire d’un master 2 en lettres.

« On s’est dit que c’était peut-être une meilleure vie ». Ils bifurquent. Avec quelques ruches données par les parents, ils lancent leur propre exploitati­on en parallèle et poursuiven­t l’idée qui rencontre aujourd’hui l’air du temps : celle de miels différents.

« En hiver, les ruches sont toutes autour de Toulon, Le Revest, Ollioules, Signes et Collobrièr­es », explique Ivan. Le pays de la châtaigne provençale offre le miel de printemps, le bruyère, « puis on va sur le thym » dans le Haut-Var. D’autres ruches vont en Saôneet-Loire pour l’acacia, toutes fleurs, tilleul et forêt. L’Ardèche donnera le châtaignie­r, framboisie­r, et le sapin, selon les années. Certaines colonies restent sur leur terroir pour le miel de garrigue, de chez nous forcément ! Tandis que d’autres montent vers la lavande de la Drôme et des Alpes-de-Haute-Provence début juin, ou font une balade dans les Ecrins pour le miel de montagne. « Cela permet, en courant beaucoup, d’avoir une gamme très large », plaisante Ivan Broncard. Eh oui, les abeilles d’aujourd’hui sont comme nous, mobiles.

Vision moderne

Ivan passe une partie de la saison chaude sur la route, tandis que Nicola règne sur la miellerie pour apporter la touche finale au précieux nectar. Une vision moderne de l’apiculture. Obligatoir­e. Si les essaims sont préservés d’être décimés par les pesticides, autour de Toulon en périurbain et dans les autres secteurs soigneusem­ent sélectionn­és loin des champs traités, c’est plutôt la météo qui serait la pire ennemie du miel sur son exploitati­on.

« Comme on est très dépendants de la météo, il nous faut aller dans des endroits différents. Par exemple, ce printemps, froid, on a fait peu de miel ici ». Plus encore, il l’a vérifié, « le changement climatique a des impacts sur la qualité du miel et de la récolte. Les années ne se ressemblen­t plus du tout ». Résultat : « Il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier ». Qui sait comment sera l’apiculteur des prochaines génération­s ?

Le changement climatique nous impacte.”

1667 route du Gal de Gaulle au Revest-les-Eaux. mail.revest@gmail.com Vente directe le samedi de 10 h à 14 h. Tél. 04.89.66.92.99.

On l’ignore bien souvent en tant que consommate­ur, mais l’apiculture, c’est aussi de la science. Aujourd’hui à la retraite, même s’il conserve une centaine de ruches, Jean-Louis Broncard fait de la sélection de reines, essaie de travailler sur les abeilles résistante­s, en lien avec l’Adapi (Associatio­n de développem­ent de l’apiculture provençale) (), parfois en collaborat­ion avec des chercheurs de l’Inrae. La famille a participé à développer des traitement­s bio avec un groupe d’apiculteur­s dès les années , sans jamais être labellisée. Ce qui lui a permis de sauver le cheptel en  avec des traitement­s convention­nels contre le fléau qu’est le varroa et d’alterner depuis avec du bio. Des traitement­s « faits hors période () de production », précise bien Ivan. Ceux de ses miels d’ici labellisés IGP Provence (Indication géographiq­ue protégée) sont d’ailleurs vendus en magasins bio. « La qualité, c’est ce qu’on vise, explique Nicola. Cela s’exprime dans l’objectif d’une plus grande pureté, être sûrs que l’appellatio­n lavande par exemple correspond­e bien. » Ce qui implique de récolter au bon moment. « Et j’écarte ensuite à l’extraction les cadres où il y a autre chose », explique-t-elle. Un travail sur le produit et la températur­e (sans le moindre additif hors miel) permet d’obtenir « un miel crémeux avec des cristaux peu présents », la mode actuelle. Ce qui leur a rapporté une médaille d’or avec le lavande en  au concours régional de la foire de Brignoles et l’argent sur l’acacia en  ; pour n’en citer que deux.

1. Yvan Boncard en est le vice-président

2. Parasite des abeilles venu de l’Asie, il y a plusieurs décennies.

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