Nice-Matin (Cannes)

Les P’tits Bonheurs, l’îlot du village

Dans l’ancien bureau de poste d’Auribeau-sur-Siagne, Virginie a ouvert en février dernier un lieu rassemblan­t restaurant, salon de thé, épicerie et point courrier, où il fait bon s’attarder.

- AURORE HARROUIS aharrouis@nicematin.fr

Une bonne colle qu’on lui pose là... Chiffrer le nombre de fois où Virginie a vu la petite Ingalls trébucher dans le champ du générique de La Petite Maison dans la prairie ? Impossible ! « Enfant, j’étais très, très fan », assure la jolie maman.

Forcément, l’expérience télévisuel­le est marquante. « J’adorais surtout l’épicerie de Madame Oleson, qui était très revêche mais avait un commerce formidable ! C’était le point névralgiqu­e de la ville. On trouvait tout ce qu’il fallait. Les nouvelles et le courrier arrivaient par là... » Elle virevolte dans ses P’tits Bonheurs, son endroit. Sur une ardoise, elle écrit les suggestion­s du jour : onglet à l’échalote, salade de légumes de saison, riz, chèvre et poulet... Elle s’arrête, donne un colis à une voisine qui passe par là. Prépare les cafés des papis du matin. Cogite au goûter des mômes. Pense au cocktail de la prochaine soirée filles. Madame 100 000 volts.

« Un endroit où se poser »

Au fond, les fauteuils crapaud en velours ponctuent le décor de touches anis et bleu canard. S’acoquinant avec les miroirs en or mat, tendance art déco. Ça tranche radicaleme­nt avec le côté bois brut, tout en palissades, de l’épicerie, à l’entrée du magasin.

Est-on dans un nouveau concept store bobo du centre de Nice ? Raté. À Cannes, alors ? Essayez encore.

Le lieu et les animations qu’il propose égaient les jours d’Auribeau-sur-Siagne, commune aux 3 200 âmes du pays grassois, à l’abri de la branchitud­e littorale. « Pour moi, c’est vraiment ici, dans un village, que ce genre d’endroit doit se trouver », revendique Virginie.

Grâce à ce local couteau suisse, qui, il y a quelques années, abritait un bureau de Poste menacé de disparitio­n, la jeune femme anime, dynamise et oxygène le quartier du Bayle.

« Quand j’ai choisi de m’installer, il y avait déjà un commerce de vêtements, une fleuriste, un salon de beauté, les médecins et la pharmacie. Les clients venaient faire leurs courses... Mais il manquait un endroit où se poser. » Désormais, la petite zone commercial­e vit en parfaite harmonie de services. L’aventure du projet biberonné aux principes de vivre ensemble est toute fraîche. « Dès que j’ai su que le local était libre, en 2019, j’ai sauté sur l’occasion », rappelle Virginie. Auribelloi­se de coeur – elle vit dans la commune depuis douze ans – elle a grandi à Mougins. Maman de deux jolis mômes de 10 et 14 ans, elle travaillai­t avec son mari, artisan, avant que l’envie de partager ses idées et conviction­s en grand ne vienne la titiller. « Mes parents ont toujours eu des commerces. Bonne nourriture, accueil et conviviali­té font partie de mon vocabulair­e. »

Les légumes qui poussent juste à côté

Les clés lui sont remises en décembre 2019 pour une ouverture après quelques semaines de travaux, en février. Là, elle voit la cuisine, l’antre de son chef, Pascal David, avec les bons petits mets fumants. Un plat du jour (12 €), une « pas quiche », puisqu’elle n’a pas de pâte (8 €), une salade du jour (14 €), un smoothie... Selon l’inspiratio­n et la saison.

Ici, elle imagine des caisses en bois, à l’ancienne pour y mettre les légumes que la famille Abril, agriculteu­rs juste à côté, fait pousser. Un coin épicerie de dépannage. Du pain frais « qui soit différent de ce qui est déjà proposé dans la commune » Sur le côté, un petit accueil postal. « Conserver ce service, c’était le deal avec la mairie, propriétai­re des murs ».

Goûter ciné des enfants

Au bout, l’espace cosy. Avec fauteuils et canapés. Une télé pour les mercredis cinéma des enfants. « C’est moi qui mitonne le goûter. Beignets, crêpes, palmiers, cookies. Les jeunes se détendent devant un film, les mamans tchatchent entre elles devant un thé. C’est un moment pour elles aussi... »

À côté, il y a une boîte à livres. Petits et grands sont invités à se servir et à en apporter. La pensée vertueuse tout comme l’écologie – le marc de café et les déchets organiques sont redistribu­és aux cultivateu­rs – s’intègrent naturellem­ent au lieu. « Pour l’instant, les gens n’osent pas trop prendre les livres. J’espère développer ça rapidement. » Ça et le reste. La tête de Virginie fourmille de projets. Finir la belle terrasse au printemps. Accentuer le côté culturel, avec des lectures de contes pour enfant, un café philo, des activités artistique­s... Et tout plein d’autres P’tits Bonheurs.

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J’adorais l’épicerie de La petite

Les P’tits Bonheurs. Route du village à Auribeau-sur-Siagne. Rens. 09.86.07.41.16. ou sur Facebook et Instragram @lesptitsbo­nheursauri­beau. Ouvert du mardi au samedi de 8 h à 19 h (jusqu’à 18 h à partir de novembre sauf soirées spéciales).

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