Nice-Matin (Cannes)

Elle ouvre le « palais » d’une princesse aux voleurs de bijoux

Employée à Cannes, la femme de chambre a écopé de quatre ans de prison ferme avec maintien en détention, malgré ses dénégation­s. Récit de trois jours de procès

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Je n’ai pas participé, ni de près, ni de loin à cette affaire. Je n’ai jamais vu la couleur de ces bijoux, je n’ai jamais été au courant de cette fortune. » Du début à la fin de son procès, Haciba Arbouze, femme de ménage, au service d’une riche princesse issue d’une dynastie qui a régné sur l’Iran au tout début du XXe siècle, a nié. Premier jour d’audience, lundi devant le tribunal judiciaire de Grasse. Cette Nanceienne de 51 ans, comparaît pour vol aggravé. A ses côtés, une bande de voleurs au lourd passé judiciaire, venue de Bosnie, son ex-amant qui commence toujours ces phrases par un « c’est simple je vais vous expliquer » et des convoyeurs de coffre complices, des « pièces rapportées » comme on les qualifiera.

Trois jours d’audience

Les quatre Bosniaques, un clan familial, « qui sont tous là pour dire la vérité madame la Présidente », aidés d’un interprète, livrent rapidement leurs versions des faits tout en les reconnaiss­ant : une histoire simple, en effet, nécessitan­t tout de même presque trois jours d’audience et de débats menés par la présidente Lauri Duca sans la présence du couple de victimes. Ils avouent l’un après l’autre que, le 6 janvier 2018, quai Saint-Pierre à Cannes, ils ont pénétré sans effraction, en plein après-midi, dans l’appartemen­t richement décoré d’oeuvres d’art, propriété des victimes, un jeune couple de riches résidents.

Ils font main basse sur le coffre désigné par la femme de ménage qui leur aurait aussi fourni les clés de la porte de l’immeuble, aurait ouvert elle-même la porte d’entrée de la riche demeure et neutralisé le système d’alarme le temps du vol. Le père, Goran Hamidovic 49 ans, le fils Igor 26 ans, le beau-frère Arif Osmanovic 29 ans et un autre individu en fuite identifié comme étant un certain

Carly Delic, un Italien de 25 ans dévastent l’appartemen­t. Ils prennent le coffre « domestique » (600 kg !) en le charriant sur un diable. À l’intérieur 850 000 € de bijoux (estimation), de l’argent, des montres de luxe. Ils renoncent à extraire un autre coffre, lui scellé dans le mur au contraire du premier. Statues et tableaux sont jugés intranspor­tables. Le butin est transporté jusqu’à un parking au quartier de la Frayère, puis à un appartemen­t...rue du Buisson-Ardent où ils tenteront d’ouvrir l’objet avec succès le lendemain !. Alertée par un soi-disant témoin et une voisine qui s’inquiète de voir l’alarme déclenchée, celle-ci retrouvera la femme de ménage mains et pieds entravés par du fil électrique avec sa propre fille âgée de 13 ans.

Séquestrée avec sa fille

Traumatisé­e, Haciba crie à l’agression, au complot ourdi par des hommes qui veulent se venger en l’accusant de complicité active, alors qu’elle serait en fait séquestrée et menacée d’une arme elle et sa fille. C’est ce que le tribunal doit vérifier, lundi soir, suspendant les débats au lendemain, afin d’entendre les différente­s parties, dont Me Adam Krid aux intérêts d’Haciba et Me Patrick Bérard à la partie civile.

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