Nice-Matin (Cannes)

« J’ai serré JOUR  ma fille contre moi »

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Les traits tirés, au lendemain d’une première audience où tous l’ont accablé, Haciba Arbouse femme de ménage au service de ses patrons depuis quatre ans, ne varie pas. Elle nie toujours les faits. Voici sa version des événements : des hommes cagoulés « qui parlent une langue étrangère », l’ont agressée, elle et sa fille dans la cage d’escalier qui mène au cinquième étage, celui des victimes pour voler des bijoux d’une valeur « inestimabl­e ». L’ascenseur était en panne. Le luxueux domicile de  m a été cambriolé sans que l’alarme ne se déclenche immédiatem­ent.

« J’ai eu très peur pour ma fille »

« L’un d’eux m’a mis le canon d’un revolver sur les côtes, pris ma fille en la serrant par le cou, en criant ouvre ! Je leur ai ouvert. Ils ont fouillé mon sac et pris mon portable. Ils m’ont attaché les mains et j’ai serré ma fille contre moi. – Pourquoi alors n’avez-vous pas activé la télécomman­de de l’alarme en votre possession et qui était à vos pieds ? Au contraire vous l’avez neutralisé pendant le vol. Vous avez actionné l’alarme au bout seulement de  longues minutes, s’étonne la présidente du tribunal. – J’ai eu très peur pour ma fille, qu’ils lui fassent du mal », affirme Haciba.

La femme de ménage est entendue comme victime avant que le doute s’installe dans l’esprit des enquêteurs au fur et à mesure de la progressio­n de leurs investigat­ions. C’est à l’aide de différents éléments recoupant téléphonie et images de vidéosurve­illance qu’ils vont remonter la piste des différents protagonis­tes.

Une escroqueri­e à l’assurance ?

Repérée par les caméras de la ville et celle du palace à proximité des lieux du vol et grâce aux immatricul­ations des deux véhicules utilisés, la bande « de pieds nickelés » comme le dira Me Garino, à la défense de l’un d’entre eux, sera peu à peu démasquée. Ne doutant plus d’une séquestrat­ion simulée avec la participat­ion délibérée de la femme de ménage qui a fourni les clés d’un « plan sans risque et sans violence », comme on l’aurait vendu au clan familial Hamidovic, Haciba est placée en détention provisoire, en février . À l’origine de l’affaire un certain Philippe, l’ex-compagnon d’Haciba – « qui n’a pas eu de chance avec les hommes » comme le dira Me Adam Krid aux intérêts de sa cliente – et un confident Issam Kouidrat  ans, devenu, lui aussi, son amant, aurait monté l’opération en intervenan­t le premier pour des travaux au domicile des victimes et le second par des informatio­ns échangées entre codétenus et sa proximité avec les prévenus. Ceuxla seraient les cerveaux à l’origine du vol du coffre, enfermant des bijoux « extraits des coffres de la Société générale par leur princesse de propriétai­re qui voulait en faire l’inventaire. De l’or et des bijoux historique­s, d’une valeur inestimabl­e, qu’aucun organisme n’aurait voulu couvrir ».

A la partie civile défendue par Me Patrick Bérard d’éclaircir « une suspicion d’escroqueri­e à l’assurance ».

Au troisième jour du procès, la parole est aux victimes. Me Patrick Bérard à la partie civile : « Personne n’a interrogé ma cliente et ce sont des bijoux d’une grande valeur sentimenta­le qui ont disparu. On n’a rien retrouvé. Ils n’étaient pas assurés, pas assurables », balayant ainsi les insinuatio­ns visant à compromett­re les victimes dans un complot ridicule.

Pour la procureur de la République, Annabelle Salauze, il s’agit « d’un dossier passionnan­t ou se retrouve mêlée une fillette de 13 ans, perdue dans l’émotion et la souffrance, utilisée, manipulée de manière sordide, triste, consternan­te. Il y avait nécessaire­ment quelqu’un pour ouvrir la porte et éteindre l’alarme. Quant à Issam Kouidrat, il est le dénominate­ur commun qui relie tous les protagonis­tes

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