Le drame vu du ciel comme outil de l’après
Comme l’IGN, les gendarmes géographes du CPGC ont fourni aux élus et aux représentants de l’Etat et des collectivités locales une cartographie haute définition du désastre, vallée par vallée
Des militaires géomaticien (contraction inventée par les Canadiens de géographe et informaticien) ont capté du ciel l’étendue du drame survenu sur 1332 km2 par la tempête du 2 octobre. Initialement, le Centre de planification de gestion de crise (CPGC) de la direction nationale de la gendarmerie avait réalisé cette cartographie afin de faciliter et sécuriser le travail d’évacuation, mais aussi de recherche des disparus sur ces territoires où les crues ont effacé tout repère. Parallèlement au travail de l’IGN (Institut national de l’information géographique et forestière), ces instantanées de l’avant et l’après seront un outil précieux déjà mis à disposition des représentants de l’Etat, des maires et des collectivités afin d’éclairer leur réflexion sur les conditions de la reconstruction.
C’est depuis un hélicoptère Eurocopter EC135 équipé du dernier cri de technologies en matière de système géographique que les gendarmes-géographes ont réalisé dès le 3 octobre ces photos entre la Roya et la vallée du Var. Quatorze missions, des dizaines d’heures de vol à plus de 8 000 pieds ont permis de figer en très haute définition des centaines d’images des zones sinistrées.
Une loupe sur un « SOS »
Là où une photo satellite offre une définition de 70 cm par pixel, la performance technologique fournit ici une précision de 5 à 20 cm par pixel. Anecdotique mais révélateur du drame humain, l’un de ces clichés laisse voir un « SOS», sous forme de tag géant dessiné par un sinistré à la peinture blanche sur ce qu’il reste d’une route de la vallée de Roya alors coupée du monde.
Le 5 octobre, l’IGN avait également fait décoller en urgence un de ses Beechcraft King Air 200. Depuis quelques jours, l’institut livre d’ailleurs progressivement en open data les images des secteurs dévastés. Le travail d’orographie – images aériennes rectifiées géométriquement et égalisées radiométriquement – réalisé par les hommes du chef d’escadron Mathieu Cerciat du CPGC est, lui, implémenté de données géographiques précises – reconstitution des voies routières, localisation des rues ou des lieux dits impactés, etc. : « C’est le principe du réel modifié avec l’état des lieux avant le drame, puis augmentée de toute la richesse des bases de données géographiques, dont celle de l’IGN avec lequel nous travaillons. »