Nice à nouveau
Un terroriste islamiste a tué à l’arme blanche trois fidèles de la basilique Notre-Dame hier matin avant d’être blessé par la police municipale. Nice et la France entière sont une nouvelle fois meurtries
La folie terroriste a encore frappé à Nice. Dans une ville traumatisée par le souvenir du 14 juillet 2016, l’horreur s’est répétée hier matin. Peu avant 9 heures, des coups de feu résonnent en plein centre-ville. Les passants, déjà nombreux avenue Jean-Médecin, sursautent.
Alertés par des témoins d’une agression à l’arme blanche au sein même de la basilique Notre-Damede-l’Assomption, trois policiers municipaux appartenant au poste de police de la place Saetone, demandent à des clients assis en terrasse de se mettre à l’abri. Les agents entrent dans l’église par la sacristie avec d’infinies précautions.
Une fois sur place, ils se retrouvent face à un individu vêtu de noir, qui brandit un couteau et court dans leur direction en hurlant « Allah Akbar » (« Dieu est grand »). La patrouille utilise un pistolet paralysant, avant de tirer à une dizaine de reprises. L’inconnu s’écroule, touché au flanc et à l’épaule.
Sauvagerie inouïe
La scène que découvrent alors les agents est terrifiante, d’une sauvagerie inouïe. Une femme de 60 ans gît, la tête tranchée, près d’un bénitier. Vincent, le sacristain, l’homme à tout faire de la basilique, est mortellement blessé à la gorge. Tout comme une autre paroissienne de 44 ans, qui est parvenue à se réfugier dans un fastfood voisin, rue d’Italie, où elle a reçu les premiers soins avant de succomber à ses blessures. Des renforts de la police nationale arrivent sur place et pénètrent dans le lieu de culte. Des démineurs les accompagnent. Plusieurs détonations sont entendues jusqu’à 10 heures. Les policiers municipaux, sous le choc, sont entourés par leurs collègues tandis que le terroriste, gravement blessé, est évacué par les secours et admis en réanimation.
Très vite, le caractère terroriste de cette attaque, le jour de la naissance du prophète des musulmans, est retenu. Les forces de l’ordre établissent un large périmètre de sécurité entre l’avenue Maréchal-Foch et la rue de Paris.
Il aurait agi seul
La police judiciaire de Nice et ses techniciens d’investigation criminelle arrivent pour procéder aux constatations. Le parquet antiterroriste est saisi, et dépêche sur place des renforts de la direction générale de la sécurité intérieure de la sous-direction de l’antiterrorisme. Les autorités ont rapidement la certitude que le terroriste a agi seul. L’individu s’appellerait Brahim A., c’est du moins le nom écrit sur le seul document trouvé en sa possession.
Avenue Notre-Dame, face à la façade immaculée de l’édifice, Sephora, 28 ans, une fidèle de la paroisse, est bouleversée : « Quand ma mère m’a annoncé qu’il y avait eu un attentat à Notre-Dame, j’ai immédiatement pensé à Vincent [le sacristain, Ndlr]. C’est lui l’âme de l’église. Il s’occupe de tout, de rallumer et d’éteindre les bougies, de préparer les offices. C’est sidérant de savoir qu’on a attaqué des chrétiens dans l’église. »
« La France attaquée »
Le président de la République arrive sur place vers 14 heures. « C’est la France qui est attaquée »,
déclare le chef de l’État, qui annonce que les militaires de l’opération Sentinelle passeront de 3 000 à 7 000 hommes (lire page ci-contre). Un peu plus tôt, le Premier ministre Jean Castex a annoncé que le plan Vigipirate est relevé au niveau « Urgence attentat » sur l’ensemble du territoire. Moins de deux semaines après l’assassinat odieux de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, ce nouvel attentat, qui fait écho à celui de Saint-Etienne-du-Rouvray le 26 juillet 2016, traumatise non seulement une communauté religieuse, mais le pays tout entier. Alors que dans la même journée d’hier, des attaques ou tentatives ont eu lieu à Lyon et à Djeddah, en Arabie Saoudite, des voix, à commencer par celle de Christian Estrosi, s’élèvent pour demander un renforcement significatif de la lutte contre le terrorisme en France. Une question qui devrait être abordée ce matin à l’occasion d’un conseil de défense réuni à l’Élysée.