Nice-Matin (Cannes)

Les premières révélation­s chocs de l’enquête

Jean-François Ricard, le procureur du parquet antiterror­iste, a tenu hier soir une conférence de presse. Il a dévoilé et précisé les principaux éléments du déroulemen­t de l’attaque

- CH. P.

Jean-François Ricard, le procureur du parquet national antiterror­iste, a dévoilé hier soir une partie du déroulemen­t «du terrible attentat commis dans la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption », lors d’une conférence de presse au tribunal judiciaire de Nice. Il a refusé toute question des journalist­es, rappelant que de nombreuses investigat­ions sont en cours.

Les services de police et de renseignem­ent cherchent à reconstitu­er avec exactitude le périple meurtrier de l’assaillant. «Une enquête qui s’avère particuliè­rement complexe », selon le magistrat.

Après avoir exprimé « ses plus sincères pensées » aux victimes, à leur famille et à la Ville de Nice, « une nouvelle fois durement touchée par le terrorisme », le magistrat a rappelé qu’il s’agissait du troisième attentat depuis le 25 septembre, jour de l’attaque devant les anciens locaux de Charlie Hebdo : « Il nous rappelle douloureus­ement à quel point l’idéologie mortifère du terrorisme islamiste reste vivace, ainsi que sa volonté de s’attaquer à nos libertés les plus essentiell­es : d’expression, d’enseigner, de culte. »

Le magistrat a salué au passage le courage et la déterminat­ion des fonctionna­ires de la police municipale qui ont pu éviter un bilan encore plus dramatique.

Les faits

D’après les premières investigat­ions, notamment grâce à l’exploitati­on de la vidéosurve­illance, « l’auteur est vu entrer à 6 h 47 dans la gare de Nice. Il y opère quelques modificati­ons vestimenta­ires, notamment en retournant sa doudoune, en changeant de chaussures. Il en sort à 8 h 13. Une fois sorti de la gare, il parcourt 400 mètres pour se retrouver devant la basilique. Il y entre à 8 h 29, il y restera un peu moins d’une demi-heure, période pendant laquelle il s’attaquera à trois victimes.

À 8 h 54, une femme s’enfuit par le côté gauche de la basilique donnant rue d’Italie. Elle décédera quelques instants plus tard de ses blessures.

À 8 h 57, après avoir été requis par un particulie­r, quatre fonctionna­ires de la police municipale intervienn­ent. Ils entrent sur le côté de la basilique, rue d’Italie. Après avoir avancé dans un couloir, ils ont fait face à l’auteur qu’ils ont pu neutralise­r.

Il ressort des témoignage­s que cet homme s’était avancé de manière menaçante, en criant “Allah Akbar”, en les contraigna­nt à faire usage d’un pistolet à impulsion électrique puis en faisant feu. Quatorze étuis de balles ont été retrouvés. »

Les victimes

Deux corps ont été découverts à l’intérieur de l’édifice. À l’entrée, une femme âgée de 60 ans, avec un égorgement très profond, de l’ordre d’une décapitati­on. Un homme de 55 ans, qui officiait en tant que sacristain (lire ci-dessous) présentait également une importante plaie à la gorge. Enfin, une femme de 44 ans décédée dans un restaurant après avoir fui la basilique, victimes de multiples plaies.

● Les pièces à conviction

Jean-François Ricard a détaillé les objets saisis dans la basilique appartenan­t à l’auteur de l’attentat. « Un Coran, deux téléphones, un couteau de 30 cm dont la lame mesure 17 cm ont été trouvés. »

Les policiers ont également saisi un sac déposé par l’auteur, avec ses effets personnels et deux couteaux non utilisés.

L’auteur

Brahim A. a été opéré en urgence. Son pronostic vital reste engagé. Il a été trouvé porteur d’un document sous la forme d’un papier de la Croix-Rouge italienne au nom de Brahim A. Une identité confirmée par l’enquête, affirme le procureur qui demande aux médias de faire preuve de responsabi­lité : « La diffusion de l’identité est incompatib­le avec la préservati­on des investigat­ions. »

L’auteur, Tunisien de 21 ans, est inconnu des fichiers et des services de renseignem­ent. Il est entré en Italie le 20 septembre via Lampedusa. Le 9 octobre, il arrive à Bari. Les enquêteurs cherchent à reconstitu­er son parcours exact, ainsi que les éventuelle­s complicité­s dont il a pu bénéficier. Hier soir, un homme, soupçonné de lui avoir fourni un téléphone, aurait été interpellé à Nice.

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Selon le procureur national antiterror­iste, l’assaillant est resté près d’une demi-heure dans la basilique. (Capture vidéo DR)

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