Le trésorier de la paroisse : « On est bouleversés »
Jean-François Gourdon venait de quitter Vincent Loquès quand le terroriste a attaqué le sacristain de la basilique. Hier matin, il tentait d’épauler son épouse, anéantie. Il dit son effroi
Ses yeux se plissent. Ses jambes flageolent. Sa silhouette ploie sous le poids de la nouvelle. 10 h 15 hier, place Saetone à Nice. La femme de Vincent Loquès vient d’apprendre quel funeste sort a été infligé à son mari. Il faut les bras amis de Jean-François Gourdon pour la retenir de tomber. Le trésorier de la paroisse Notre-Dame-de-l’Assomption n’a, lui-même, « plus de jambes ». Sa chère basilique n’est qu’à deux cents mètres de là. Elle est le théâtre de l’horreur absolue. « C’est autre que l’horreur !, corrige Jean-François Gourdon. Ça devient catastrophique. On ne peut pas faire pire. »
Deux heures plus tôt, JeanFrançois Gourdon a retrouvé Vincent Loquès, le sacristain de la basilique, avenue JeanMédecin. « Comme tous les matins, à 8 heures, pour prendre un café. » Les deux hommes ont ensuite traversé l’avenue pour ouvrir les grilles de la basilique. «Jelui aidit: “Je reviens te voir.” Et je suis parti. Quand je suis revenu dix minutes après, on ne pouvait plus passer… J’ai prévenu le père Franklin. Après, on n’avait plus de nouvelle. On savait qu’il y avait quelque chose de grave… »
À dix minutes près
Jean-François Gourdon téléphone à la femme du sacristain. Les voici réunis devant le poste de police municipale Saetone, à deux pas de JeanMédecin. L’adjoint au maire Gaël Nofri les rejoint. Il sait. L’élu annonce l’indicible à la femme du sacristain. La malheureuse s’effondre.
Les deux hommes la soutiennent jusqu’au poste de police. Elle y trouve un refuge provisoire. Jean-François
Gourdon sort, enchaîne les appels. « À dix minutes près, ça aurait été moi aussi », confie-t-il au téléphone. « D’habitude, je reste jusqu’à 9 heures à la basilique, explique-t-il. J’étais pressé parce qu’on a une distribution alimentaire à Saint-Vincent-de-Paul… » Sa double casquette l’a peut-être sauvé. Reste la sidération. « Quand je suis sorti, tout était calme. Il n’y avait personne dans la rue. Je ne m’attendais pas à ce que ça arrive à la basilique. On est catastrophé. On est bouleversés, bouleversés, bouleversés… », martèle Jean-François Gourdon. 11 heures. La femme du sacristain est raccompagnée par la police municipale et l’assistante sociale vers un autre lieu de prise en charge psychologique. D’autres membres de la famille de la victime arrivent à leur tour. Vincent Loquès laisse derrière lui deux filles. Ce vendredi, sa famille aurait dû fêter son 55e anniversaire.