Nice-Matin (Cannes)

« Le jeune policier avait les larmes aux yeux »

Véronique, aide-soignante en arrêt maladie, a été surprise par l’attaque devant la basilique. Elle laisse éclater sa colère devant les badauds trop curieux, avant de confier son désarroi

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Mais regardez-moi ça… Rentrez chez vous ! Ren-trez-chezvous ! Vous avez besoin de regarder le spectacle ? » Véronique Crepel craque. En redescenda­nt l’avenue Jean-Médecin, elle presse le pas à la vue des dizaines de badauds devant le périmètre de sécurité. Véronique s’approche d’eux et les houspille, avec force gestes. Elle ne supporte pas d’en voir certains filmer l’interventi­on policière en cours devant la basilique Notre-Dame. Si Véronique est à bout de nerfs, c’est qu’elle « était là-bas. J’ai entendu les coups de fusil. J’ai vu ce qui s’est passé. J’ai ressassé le 14Juillet. Malheureus­ement, je suis toujours là quand il y a les mauvais moments… » Cette aide-soignante, âgée de 53 ans, est actuelleme­nt en arrêt maladie. Elle enrage : « Je ne peux même pas aider ! »

Hier matin, Véronique a un rendez-vous médical important en ville. Elle veut prendre son café chez Malongo, aux portes de Notre-Dame. « Tout d’un coup, j’ai vu des gens qui couraient, entendu des coups de fusil. Je me suis dit : “C’est bon, j’ai compris…” »

« C’est quoi, ce monde ? »

L’urgence est de fuir. Mais Véronique tient à « aller aider. J’ai aidé des gens à rentrer au tabac, d’autres à la poste. Puis je me suis dit : “C’est mon rôle d’aller làbas.” » Un jeune policier se trouve sur son chemin. « Il avait les larmes aux yeux. Je lui ai demandé : “Il y a des morts ?” Il m’a dit “oui”… »

Excédée, frustrée de n’avoir pu se rendre plus utile, Véronique a voulu se recueillir quelques instants devant la basilique. « C’est quoi, ce monde ? Je n’en peux plus!» , s’exclame-t-elle, en larmes.

Véronique va trouver refuge chez son compagnon, loin des sirènes hurlantes de l’avenue Jean-Médecin. Mais avant, elle s’effondre au pied d’une voiture de police. Elle est aussitôt réconforté­e.

 ?? (Photo Dylan Meiffret) ?? Traumatisé­e, l’aide-soignante s’effondre près d’une voiture de police. Aussitôt réconforté­e.
(Photo Dylan Meiffret) Traumatisé­e, l’aide-soignante s’effondre près d’une voiture de police. Aussitôt réconforté­e.

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