« Le jeune policier avait les larmes aux yeux »
Véronique, aide-soignante en arrêt maladie, a été surprise par l’attaque devant la basilique. Elle laisse éclater sa colère devant les badauds trop curieux, avant de confier son désarroi
Mais regardez-moi ça… Rentrez chez vous ! Ren-trez-chezvous ! Vous avez besoin de regarder le spectacle ? » Véronique Crepel craque. En redescendant l’avenue Jean-Médecin, elle presse le pas à la vue des dizaines de badauds devant le périmètre de sécurité. Véronique s’approche d’eux et les houspille, avec force gestes. Elle ne supporte pas d’en voir certains filmer l’intervention policière en cours devant la basilique Notre-Dame. Si Véronique est à bout de nerfs, c’est qu’elle « était là-bas. J’ai entendu les coups de fusil. J’ai vu ce qui s’est passé. J’ai ressassé le 14Juillet. Malheureusement, je suis toujours là quand il y a les mauvais moments… » Cette aide-soignante, âgée de 53 ans, est actuellement en arrêt maladie. Elle enrage : « Je ne peux même pas aider ! »
Hier matin, Véronique a un rendez-vous médical important en ville. Elle veut prendre son café chez Malongo, aux portes de Notre-Dame. « Tout d’un coup, j’ai vu des gens qui couraient, entendu des coups de fusil. Je me suis dit : “C’est bon, j’ai compris…” »
« C’est quoi, ce monde ? »
L’urgence est de fuir. Mais Véronique tient à « aller aider. J’ai aidé des gens à rentrer au tabac, d’autres à la poste. Puis je me suis dit : “C’est mon rôle d’aller làbas.” » Un jeune policier se trouve sur son chemin. « Il avait les larmes aux yeux. Je lui ai demandé : “Il y a des morts ?” Il m’a dit “oui”… »
Excédée, frustrée de n’avoir pu se rendre plus utile, Véronique a voulu se recueillir quelques instants devant la basilique. « C’est quoi, ce monde ? Je n’en peux plus!» , s’exclame-t-elle, en larmes.
Véronique va trouver refuge chez son compagnon, loin des sirènes hurlantes de l’avenue Jean-Médecin. Mais avant, elle s’effondre au pied d’une voiture de police. Elle est aussitôt réconfortée.