« Quand nos hommes ont tiré ,ilsejetaitsureux»
Richard Gianotti dirige la police municipale de Nice. Il revient sur la neutralisation de l’assaillant. Six de ses agents sont intervenus dans la basilique. Deux d’entre eux ont tiré en légitime défense
Hier après-midi, ils ont pu échanger avec le président de la République. Un moment solennel, de réconfort aussi, pour six policiers municipaux confrontés, quelques heures plus tôt, à la plus horrible des scènes de crime. Parmi eux, celui qui, cet été, avait plaqué au sol une femme qui éructait, place Saetone, en brandissant une arme de poing dont on apprendrait un peu plus tard qu’il s’agissait d’un pistolet d’alarme.
Ces agents ont probablement épargné des vies par la rapidité de leur action. Mais ils étaient encore trop affectés, dans la soirée, pour témoigner. C’est ici leur patron, Richard Gianotti, un ancien de la PJ, qui parle en leur nom. Il raconte le déroulement de l’intervention : « Il est près de 9 h quand un premier de nos binômes s’introduit dans la basilique en empruntant le porche principal. Cet équipage vient d’être alerté par un témoin qui, sortant de la nef en courant, explique avoir vu une paroissienne se faire tuer à coups de couteau à la hauteur du bénitier situé à proximité de l’entrée. Elle est presque décapitée ».
Dans le même temps, un autre témoin, qui sort lui aussi de l’église, déclenche la borne d’appel d’urgence, à l’angle de la rue d’Italie et de l’avenue Jean-Médecin. Le PC radio se met en liaison, les caméras se branchent sur le secteur. Deux autres équipages se rendent sur place et pénètrent dans la basilique, par la sacristie, côté rue d’Italie, près de la rue de Suisse.
Ces deux binômes tombent directement sur l’assaillant. Qui a déjà tué et presque décapité le sacristain. Et vient de frapper de son couteau de cuisine une quadragénaire qui réussit à s’enfuir mais va bientôt succomber à ses blessures, dans le fast-food Isla Burger où elle trouve refuge.
Une dizaine de tirs
Tout va très vite. Deux hommes de la police municipale font usage de leur pistolet à impulsion électrique, mais la configuration des lieux ne permet pas de neutraliser le terroriste. Ce dernier poursuit sa progression : « Il se précipite dans leur direction en criant à plusieurs reprises Allah ou Akbar, déterminé à les poignarder. Les deux autres policiers sortent leur arme et font feu. Un cas typique de légitime défense. »
Richard Gianotti évoque «une bonne dizaine de tirs ». Les balles 9 mm des Glock semi-automatiques atteignent l’assaillant à cinq reprises. Brahim A., est touché aux jambes et à l’abdomen. « Quand je l’ai vu, il n’était pas en situation de pouvoir s’exprimer, à supposer qu’il en ait eu l’intention. » Il a été évacué vers les urgences de l’hôpital Pasteur où, hier soir, son pronostic vital était toujours engagé.
« Une tuerie sauvage », résume le patron de la police municipale qui en est sûr : « Il avait déjà poignardé trois personnes. S’il sortait de la basilique, il n’avait aucune raison de s’arrêter. »