Nice-Matin (Cannes)

« Perméable aux idées du moment »

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

L’auteur n’a eu de cesse de hurler « Allahou akbar » alors même qu’il était soigné. La signature définitive d’un acte terroriste islamiste ? « Lorsqu’un fait divers de ce type se produit, la première question qui se pose est effectivem­ent : s’agit-il d’un acte terroriste ou l’oeuvre d’un malade psychique ? Car malheureus­ement ce type de crimes atroces peut aussi être commis par une personne psychologi­quement vulnérable, et sujette à la suggestibi­lité : elle n’a pas de position personnell­e franche, au contraire du terroriste – qui agit au nom d’une idéologie –, mais elle est en mesure de se conformer à ce qu’elle imagine qu’on attend d’elle. Et elle est particuliè­rement perméable aux idées du moment », développe le Dr Jean-Yves Giordana, psychiatre niçois. L’idée du moment : la décapitati­on pour « punir les mécréants ». Le psychiatre relate ainsi avoir « suivi des patients psychotiqu­es qui se sont soudaineme­nt mis à fréquenter ardemment les mosquées, « Dès que nous avons eu connaissan­ce des événements, nous avons dépêché une dizaine de psychologu­es pour ouvrir une cellule psychologi­que », raconte Julie Lorenzini, directrice de la Prévention et de l’aide aux victimes de la Ville de Nice. Une fois sur place, une quinzaine de personnes ont été prises en charge, riverains, commerçant­s, agents primo intervenan­ts. « Ce qui a

faisant preuve d’une telle dévotion qu’elle finissait par inquiéter les imams. Ce sont eux qui ont alors alerté nos services sur ces comporteme­nts inadaptés. » Autre caractéris­tique : le mimétisme. « Depuis quinze jours, suite à l’assassinat de Samuel Paty, on parle beaucoup de décapitati­on, et été très dur, c’est que pour certaines personnes, c’est un douloureux écho aux événements passés et ça peut avoir des conséquenc­es très graves. » La directrice affirme que la cellule sera « applicable autant que besoin car sur ces événements, le besoin n’est pas toujours immédiat. »

Une cellule psychologi­que propre aux agents de la Ville reste également ouverte.

on connaît malheureus­ement l’effet boule de neige ; après tout fait divers très médiatisé, on voit la fréquence de faits similaires augmenter. Au point de s’interroger sur les risques liés à la médiatisat­ion de certains gestes. »

 ?? (Photo F. V.) ?? Dr Jean-Yves Giordana, psychiatre.
(Photo F. V.) Dr Jean-Yves Giordana, psychiatre.

Newspapers in French

Newspapers from France