Les Ehpad échappent au huis clos
Reconfinés sans être cette fois tout à fait isolés : pour éviter des « drames humains » dans les Ehpad, les visites de proches resteront possibles ces prochaines semaines, une souplesse largement saluée mais qui reste un défi pour les soignants confrontés à une forte recrudescence du virus. A l’aube d’un reconfinement national, prévu pour l’instant pour durer quatre semaines, le président de la République avait annoncé, mercredi soir, que « les visites en maisons de retraite et en Ehpad » seraient « cette fois autorisées dans le strict respect des règles sanitaires ». Pour Emmanuel Macron, il s’agit d’« éviter que ne se nouent des drames humains » comme ceux vécus au printemps et que « des personnes en fin de vie se retrouvent totalement isolées » (1). Fortement décriés lors de la première vague, l’isolement en chambre et l’interdiction des visites pendant plusieurs semaines ont pu être vécus comme un traumatisme par les résidents et leurs familles, qui appelaient à ne pas revivre ça.
En évitant « un confinement excessif des personnes âgées, notamment celles vivant en établissement », l’Etat a « su prendre en compte une part des analyses et attentes portées par les acteurs de l’aide aux personnes âgées», s’est réjoui, hier, dans un communiqué l’AD-PA, qui regroupe des directeurs de maisons de retraite et de services à domicile. « La décision de maintenir les visites en Ehpad est déterminante pour lutter contre l’isolement des personnes âgées les plus fragilisées », a souligné de son côté l’association des Petits frères des pauvres, demandant que l’on reconnaisse ses bénévoles, qui accompagnent des personnes souvent très isolées et sans famille, comme des proches. Lieux de vie des plus vulnérables au Covid-19, les maisons de retraite médicalisées ont déjà payé un lourd tribut à la crise sanitaire avec près de 15 000 décès de résidents recensés depuis mars : 11 000 dans les établissements et 4 000 dans les hôpitaux.
« clusters » répertoriés
Depuis quelques semaines, elles font face à un net rebond de l’épidémie. Mardi, quelque 649 foyers de contamination (clusters) étaient en cours d’investigation, selon Santé publique France, un chiffre en constante augmentation. «Lemois de novembre va être extrêmement difficile, on s’attend à être tous touchés et beaucoup d’Ehpad ne pourront pas hospitaliser leurs résidents car les secteurs Covid commencent à être pleins », déclare le Dr Gaël Durel, de l’association des médecins coordonnateurs en Ehpad (MCOOR). Toutefois, par rapport au printemps dernier, les directeurs de structures disposent de matériel adapté – les masques, surblouses et gants qui ont tant manqué au début de l’épidémie – et d’un protocole sanitaire clair, qui recommande notamment d’instaurer un lieu de déambulation adapté pour les résidents atteints du Covid, d’accueillir les proches dans des lieux dédiés avec strict respect des gestes barrières, de limiter au maximum les visites en chambres, et de proscrire le partage d’objets et de nourriture.
1. Lire l’excellent Hennezel, L’Adieu
ouvrage de la psychologue Marie de interdit, paru chez Plon.