Nice-Matin (Cannes)

Olivier Marchal « C’est sûr, je vais tourner àNice»

Le nouveau film du réalisateu­r, Bronx, qui n’a pas pu sortir au cinéma en septembre dernier, débarque sur Netflix ce vendredi.

- PROPOS RECUEILLIS PAR ALAIN GRASSET

Bronx, le nouveau film d’Olivier Marchal devait sortir dans les salles de cinéma en septembre dernier. Mais en raison de la pandémie de Covid-19, ce polar tourné à Marseille sera finalement diffusé sur Netflix à partir de ce vendredi. Au moment où JeanPierre Jeunet et Dany Boon travaillen­t pour la plateforme de streaming, le réalisateu­r de 36 quai des Orfèvres, MR 73, Les Lyonnais, avoue : « Je suis heureux du coup de coeur de Netflix pour Bronx, et qu’il puisse ainsi voyager et être découvert par un très large public. Nous sommes, mes enfants et moi, fans de Netflix, nous y regardons souvent films et séries. Je suis donc fier que Bronx rejoigne cette famille ». Entretien avec Olivier Marchal qui tourne en ce moment dans le NordPas-de-Calais, Les Rivières pourpres, saison 3, la série TV de France 2.

Comment allez-vous après avoir été touché par la Covid- ?

Alors que j’étais sur le tournage des Rivières pourpres, ilyaeu treize cas de Covid. On a dû s’arrêter quinze jours. J’ai été testé positif trois fois. Et là, je suis repassé négatif. Pour moi, ça s’est traduit par une énorme nuit de fièvre avec, le lendemain, des courbature­s partout et des maux de tête. Ça a duré  heures. Et maintenant, je suis en pleine forme. Le seul truc, c’est que tous les deux ou trois jours, j’ai un gros coup de pompe et je suis obligé de m’allonger pour dormir. Tout mon corps est vidé de toute énergie. On vient de reprendre le tournage de la série au Touquet [ épisodes de  minutes chacun, ndlr] et on devrait finir le  décembre.

On découvre ce vendredi sur Netflix votre Bronx, tourné à Marseille durant dix semaines. Pourquoi avez-vous choisi de commencer le film avec une scène de tuerie ?

J’ai adoré L.A. Confidenti­al [, ndlr], le film tiré du roman de James Ellroy, avec la fameuse tuerie du Hibou. Je me suis dit que cela serait pas mal de démarrer un film sur un énorme flingage aujourd’hui à Marseille et qui déclenche toute l’histoire du film. Mais je précise que Bronx n’a rien à voir avec la tuerie du Bar du téléphone [qui fit dix morts en , ndlr].

Marseille, une ville que vous aimez beaucoup…

Oui ! J’y ai tourné six ou sept films comme acteur et deux films comme réalisateu­r. Au total, j’ai vécu à Marseille sept à huit ans. J’adore cette ville ! Des gens magnifique­s, le mélange des cultures, des races, des religions. Malgré les problèmes de violence inhérents à notre société tout se passe plutôt bien. Il suffit d’aller au stade Vélodrome pour voir l’OM, tout le monde se prend dans les bras. Moi, je me sens un fils de Marseille ! Cette ville m’a adopté. Je suis à l’aise avec tout le monde. Je me suis fait plein de potes dans les quartiers. Je salue d’ailleurs Yvan Sorel, le champion du MMA qui m’a emmené plein de jeunes pour la figuration. Mais je n’ai pas voulu faire un film pour dénoncer la violence à Marseille.

Vous affectionn­ez particuliè­rement les polars...

J’ai grandi avec les grands polars des années . Et c’est un genre que j’apprécie beaucoup et qui me manque. On aime ou n’aime pas mon cinéma. Tout l’argent est dans le film [produit par la Gaumont, doté d’un budget de près de  M€, ndlr]. Les gens qui regarderon­t Bronx en auront pour leur pognon. Et moi, ça me suffit !

Côté casting, il y a des comédiens qui ont de vraies gueules, comme Moussa Maaskri, qui a grandi à Marseille et joue un flic de la BRB aux pratiques douteuses…

Quel acteur ! Il joue un policier, un enculé notoire. Je l’ai pris dans MR  [, ndlr], il avait une tête d’Apache. Je lui ai dit : “Tu te coupes les cheveux, tu te laisses pousser la moustache et tu mets un costard, une cravate” .Ilm’a répondu : “Oh putain ! Tu me prends pour un con !” .Ilm’a écouté. Il l’a fait et, depuis, il a commencé une belle carrière. J’aurais aimé que le père de Moussa, mort d’un cancer, le voit ainsi dans MR . Mouss, c’est devenu un acteur exceptionn­el. Un frangin ! Mon rêve serait de faire un film comme Le Chat avec Gabin et Signoret, où il jouerait un vieil arabe…

Il y a aussi Lannick Gautry dans la peau d’un flic de la brigade antigang…

J’ai pensé à lui après avoir fait deux lectures d’une pièce d’Annie Lemoine où il jouait mon fils. Il est beau, il a une gueule. Je voulais qu’il casse son image de télé et il m’a totalement fait confiance. Il vit en Bretagne, marié, deux enfants. Il a un bar à vins. Il n’est pas dans le bidon comme beaucoup d’acteurs français qui sont des usurpateur­s. C’est un mec vrai.

Et le rappeur Kaaris dans la peau d’un flic. Étonnant ?

Quand on voit le film, c’est le pote qu’on a envie d’avoir et qui est prêt à donner sa vie pour toi. Pour une fois, il ne joue pas les braqueurs. Il est d’une incroyable gentilless­e. Hyper pro. Très angoissé. Il est même revenu sur le tournage pendant ses jours de vacances pour faire des photos avec mes mômes. Il a laissé une image très positive à Marseille. Je retravaill­erai avec lui.

Et la chanteuse Dani ?

Elle jouait dans Carbone [, ndlr] et j’ai voulu la reprendre. Quand on voit la star qu’elle a été, qu’elle a tenu la nuit parisienne... Dani, c’est une petite fleur fanée mais encore belle. Ce n’est que de l’amour, que de la tendresse !

Sans oublier Claudia Cardinale !

Je l’ai rencontrée le jour où elle a tourné. J’avais dans la tête l’actrice de Rocco et ses frères, Il était une fois dans l’ouest .Ellem’a tout raconté. C’est une légende du cinéma ! Vous imaginez que je me suis retrouvé à Cannes-Ecluse [Seine-et-Marne, ndlr] en , à l’école des inspecteur­s de police... Et si on m’avait dit qu’un jour, je ferais des films avec Depardieu, Auteuil, Lanvin, Dussollier, Reno et Cardinale, je ne l’aurais pas cru. Et pourtant tout ça m’est arrivé !

Au générique aussi, Catherine Marchal ?

C’est ma moitié, ma petite Catherine. Et elle le sera toujours. Elle n’a pas besoin de moi, mais dès que je peux lui donner un rôle, elle le mérite. On a quatre enfants ensemble. Même si on est séparés, c’est elle qui gère les comptes de la famille… parce que moi je suis un branleur ! (Rires)

Est-ce vrai, qu’au départ, vous avez songé à tourner le film à Nice ?

Oui ! J’ai d’ailleurs monté un restaurant à Nice, Chez moi (, rue Paganini). J’étais très fier. Malheureus­ement avec un escroc qui s’est servi de moi. Il m’a enfumé grave ! J’ai perdu beaucoup d’argent. Mais il a été repris par Paul, un serveur corse très, très drôle. Pour Bronx, l’histoire ne collait pas avec celle que je voulais raconter, c’est pour ça que j’ai choisi Marseille, une ville solaire, et surtout, tentaculai­re.

Mais un film à Nice, ça vous tenterait ?

Avec la Gaumont, je suis sur un projet, l’adaptation de Mortels trafics un roman de Pierre Pouchairet [prix du Quai des Orfèvres , ndlr]. L’histoire se déroule entre Paris, l’Espagne et Nice. Donc, c’est sûr, je vais tourner à Nice.

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Je me sens un fils de Marseille !”

Et où en est le biopic sur Johnny Hallyday…

C’est fini ! Ça m’ennuie parce qu’on s’est beaucoup apprécié avec Johnny. J’aurais été hyper fier de le faire, mais il y a trop d’histoires pourries autour… Si je dois faire un film sur Johnny, j’ai un projet avec mon ami, l’acteur Laurent Olmedo qui a écrit un scénario intitulé Johnny Smet .Je l’ai lu. C’est l’histoire d’un sosie de Johnny qui a tout perdu. Une sorte de Full Monty. C’est bien plus intéressan­t qu’un biopic de Johnny. Si je dois lui rendre hommage, je tournerai le scénario de Laurent Olmedo.

D’autres projets ?

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Kaaris est d’une incroyable gentilless­e. Hyper pro ”

J’ai écrit le remake de Police Python  d’Alain Corneau. Un film également sur l’homosexual­ité dans la police que je ferai avec JoeyStarr. Il y a aussi la série sur Michel Neyret [ancien numéro deux de la police judiciaire de Lyon, condamné en , pour corruption, ndlr] ,en cours d’écriture.

Vous n’êtes pas près d’arrêter alors...

Si Dieu me prête vie, je ferai encore trois à quatre films dans les quinze ans qui viennent.

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