Me Mireille Damiano : « Nous avons les outils, pas les moyens humains »
Son cabinet est situé à deux pas de la basilique Notre-Dame. Ex-tête de liste d‘un collectif de gauche et, à ce titre, adversaire de Christian Estrosi, Me Mireille Damiano est notamment l’avocate de l’association Roya Citoyenne.
« Et des personnes solidaires qui étaient poursuivies pour avoir prétendument permis l’entrée d’étrangers en situation irrégulière. »
Des mesures d’exception pour lutter contre le terrorisme ? « Je suis très gênée par les déclarations de guerre que j’entends. Nous sommes confrontés à des faits horribles, proches de la barbarie, on est bien d’accord. Quand on tente d’y répondre, je crois qu’il ne faut surtout pas le faire de la même manière, en abandonnant l’idée que nous sommes un État de droit. Par conséquent, défenseurs d’un certain nombre de valeurs, dont les droits fondamentaux. »
Envisager que ce principe puisse être modifié pour faire face au terrorisme, voilà pour Me Damiano une autre « menace dangereuse ». Elle veut le rappeler : « Même dans le cadre de l’urgence sanitaire que nous connaissons actuellement, nous devons nous accommoder de droits limités, avec un contrôle normal de proportionnalité qui doit être effectué. » Contre le terrorisme, le pays, dit-elle, est armé. « Que l’on renforce certains moyens, notamment ceux du renseignement, c’est possible. Nous avons les outils judiciaires et administratifs pour le faire. Ce qui manque, c’est le personnel. »
« Illusoire »
« Il a été dit que l’individu qui s’en est pris à Charlie après la republication des caricatures de Mahomet était un mineur étranger ayant bénéficié des lois françaises sur la protection de la jeunesse. Et qui aurait pu, à un moment donné, être en capacité d’en abuser », constate Me Damiano. Hier matin, elle se trouvait au tribunal pour enfants de Nice avec quatre jeunes étrangers soutenant leur minorité. «Dans le cadre d’un processus d’évaluation, contrôlé par l’instance judiciaire, ce qui veut bien dire qu’il y a un débat parfaitement contradictoire sur la réalité de cette situation. Si tel n’est pas le cas, on sort du dispositif. »
À Conflans-Sainte-Honorine, le jeune Tchétchène a été « raccroché au droit d’asile accordé à ses parents alors que lui-même avait, je crois, dix ans », souligne l’avocate. Qui voit, dans ce cas, « une application parfaitement normale » alors qu’il y a « en conséquence et parallèlement beaucoup de rejets de demandes d’asile ». Quant au terroriste de Nice, jeudi : « Il est tunisien, arrive par Lampedusa. Les jeunes qui font ce parcours, dans les dossiers que je vois, venant principalement de Côte d’Ivoire, de Guinée et du Bangladesh, traversent généralement depuis la Libye. » « Celui-là a transité par l’Italie, qui l’a mis en quarantaine en lui faisant obligation de quitter le territoire. » Elle veut le rappeler : «LaFrancea obtenu la réintroduction du contrôle aux frontières pour la énième fois depuis 2015. Mais on n’évitera jamais qu’il y ait un certain nombre de personnes qui passent, c’est illusoire. »