Nice-Matin (Cannes)

Privés de manèges, les forains plient bagage

Contraints d’arrêter la fête foraine au moment du couvre-feu, les profession­nels s’y sont résignés depuis que le reconfinem­ent est en vigueur. Sans espoir, la plupart ont quitté la cité

- JÉRÉMY TOMATIS jtomatis@nicematin.fr

Moitié moins. La plupart des forains de la fête foraine d’Antibes – qui a été annulée après une petite semaine d’ouverture – ont déserté le parking qui leur était réservé, en face du Fort Carré. Depuis le 17 octobre et jusqu’au 15 novembre, il devait leur servir de refuge, à la nuit tombée, une fois les manèges au repos. Le couvre-feu a tout chamboulé (1). Et le reconfinem­ent a définitive­ment précipité aux oubliettes les maigres espoirs de travailler qu’ils entretenai­ent. «Là, ça devient vraiment très compliqué, se plaignait déjà un forain, la semaine dernière, avant que soit confirmé le reconfinem­ent. Certains sont venus du centre de la France, voire du nord, pour rien ! »

«Onnesaitpa­soù aller pour le moment »

Sur la vingtaine de familles qui s’était installée dans le but, enfin, de relancer une saison bien blafarde jusqu’ici, seules quelquesun­es sont restées à Antibes. Dylan et Phalon, un jeune couple venu avec son bébé Maysie, se retrouvent sans activité. «Onnesaitpa­s où aller pour le moment, confie Dylan. On devait enchaîner avec la foire de Nice en décembre. Mais avec le confinemen­t, on a quasiment perdu tout espoir de travailler avant les fêtes de Noël. Le maire d’Antibes nous a proposé de rester sur ce parking jusqu’à la date prévue au départ, avec la fête foraine ouverte. Mes beaux-parents habitent à Grasse, peut-être que l’on pourra rester un peu là-bas après, si la situation s’améliore. Nous venons d’Avignon alors on ne veut pas prendre le risque de rentrer si finalement les choses rentrent dans l’ordre et que l’on doit revenir. Ce sont beaucoup de frais, d’autant plus qu’avec le manège, ce sont deux allers-retours à chaque fois. » Dylan n’a pas d’autre choix que de patienter. En attendant, il s’occupe comme il peut. Et essaie de ne pas penser aux échéances à venir des crédits qu’il a sur le dos. « Ça fait longtemps que l’on ne tient plus, soupire le jeune père de famille, sa petite fille dans les bras, et alors qu’un plat en sauce mijote sur une plaque électrique à quelques centimètre­s de là, sur une table en PVC. Je dois payer mes factures, le crédit de mon camion pour lequel je paye une assurance même s’il est à l’arrêt… ça va vite. Et à ce rythme-là, je ne sais pas où on va. Si demain le confinemen­t dure plusieurs mois, il va falloir que l’État nous aide. »

Les prochaines semaines seront décisives pour les forains, comme pour bon nombre de commerçant­s directemen­t touchés par ce reconfinem­ent. Avec les fêtes de Noël, qui restent en ligne de mire. 1. À l’instaurati­on du couvre-feu, les forains ont été sommés de fermer leurs attraction­s installées sur l’esplanade du Pré-aux-Pêcheurs, en journée, alors que de part et d’autre, la grande roue ainsi que le carillon étaient autorisés à tourner. Et que la vieille ville, derrière les remparts, restait animée.

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En colère la semaine dernière car contraints de fermer leurs manèges en journée alors que le couvre-feu n’était en vigueur qu’à partir de  heures, les forains s’y sont résigné avec le reconfinem­ent.
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(Photos J. T.)

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