Nice-Matin (Cannes)

Trump ou Biden, les conséquenc­es pour l’Europe

- de DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Cap sur les Etats-Unis ! Pendant plus de  heures tous les médias vont suivre l’élection présidenti­elle américaine dont l’issue sera connue, au mieux, dans le courant de la nuit prochaine, voire plus tard. Jamais, peut-être, ce scrutin n’a soulevé un tel intérêt. En raison bien sûr de la personnali­té inquiétant­e de Donald Trump mais aussi parce que la première puissance du monde est, désormais, un pays fracturé, divisé en deux blocs dont certains redoutent même qu’ils en viennent à s’affronter après le verdict des urnes. D’un côté, donc l’Amérique républicai­ne de Trump, un électorat blanc à plus de  % et catholique à  %, conservate­ur, isolationn­iste, climatosce­ptique, hypnotisé par son candidat. De l’autre, le camp démocrate de Joe Biden, incarnatio­n d’un électorat métissé ( % blanc,  % noir,  % hispanique) et chrétien à  %, défenseur du droit à l’avortement, du système de santé instauré par Barack Obama ou encore d’un retour dans l’Accord de Paris sur le climat. Ce sont donc deux visions antagonist­es qui s’affrontent dans une élection où l’avenir des Etats-Unis se joue à pile ou face. Mais c’est aussi notre propre avenir qui est en jeu ce mardi outre-atlantique.

Outre des approches divergente­s de la société américaine, Donald Trump et Joe Biden ont en effet des intentions très différente­s en politique étrangère. Certes, ils ont en commun de vouloir en finir avec l’interventi­onnisme armé de leur pays à travers le monde. Barack Obama avait déjà amorcé ce grand changement de cap. Néanmoins, ils s’opposent sur des points essentiels. Dans sa volonté de désengager les Etats-Unis, Donald Trump va très loin. On ne peut exclure qu’il retire son pays de l’OTAN, qu’il lâche Taïwan et la Corée du Sud, y laissant Pékin et Pyongyang à la manoeuvre. Pour l’Europe, un retrait de Washington de l’Organisati­on du Traité l’Atlantique Nord serait un cataclysme auquel elle n’est pas du tout préparée, faute d’avoir construit une défense européenne. Elle serait contrainte de se repenser pour rester une puissance mondiale. Nul ne peut prendre ce risque à la légère tant Trump est inconséque­nt. Il en irait tout autrement avec Joe Biden, partisan du multilatér­alisme parce qu’il pense que « le monde ne s’organise pas tout seul ». S’il veut en finir avec les guerres américaine­s, il entend malgré tout rassembler les démocratie­s dans un Sommet pour défendre leurs valeurs communes et faire face ensemble aux nouvelles menaces. C’est donc aussi entre deux politiques étrangères que tranche aujourd’hui le peuple américain. Et parce que les Etats-Unis demeurent, et de loin encore, la première puissance de la planète avec

  milliards de PIB (contre   milliards pour la Chine et   milliards pour l’Union européenne), les conséquenc­es de cette élection pèseront lourdement sur nous. En bien ou en mal.

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