Trump ou Biden, les conséquences pour l’Europe
Cap sur les Etats-Unis ! Pendant plus de heures tous les médias vont suivre l’élection présidentielle américaine dont l’issue sera connue, au mieux, dans le courant de la nuit prochaine, voire plus tard. Jamais, peut-être, ce scrutin n’a soulevé un tel intérêt. En raison bien sûr de la personnalité inquiétante de Donald Trump mais aussi parce que la première puissance du monde est, désormais, un pays fracturé, divisé en deux blocs dont certains redoutent même qu’ils en viennent à s’affronter après le verdict des urnes. D’un côté, donc l’Amérique républicaine de Trump, un électorat blanc à plus de % et catholique à %, conservateur, isolationniste, climatosceptique, hypnotisé par son candidat. De l’autre, le camp démocrate de Joe Biden, incarnation d’un électorat métissé ( % blanc, % noir, % hispanique) et chrétien à %, défenseur du droit à l’avortement, du système de santé instauré par Barack Obama ou encore d’un retour dans l’Accord de Paris sur le climat. Ce sont donc deux visions antagonistes qui s’affrontent dans une élection où l’avenir des Etats-Unis se joue à pile ou face. Mais c’est aussi notre propre avenir qui est en jeu ce mardi outre-atlantique.
Outre des approches divergentes de la société américaine, Donald Trump et Joe Biden ont en effet des intentions très différentes en politique étrangère. Certes, ils ont en commun de vouloir en finir avec l’interventionnisme armé de leur pays à travers le monde. Barack Obama avait déjà amorcé ce grand changement de cap. Néanmoins, ils s’opposent sur des points essentiels. Dans sa volonté de désengager les Etats-Unis, Donald Trump va très loin. On ne peut exclure qu’il retire son pays de l’OTAN, qu’il lâche Taïwan et la Corée du Sud, y laissant Pékin et Pyongyang à la manoeuvre. Pour l’Europe, un retrait de Washington de l’Organisation du Traité l’Atlantique Nord serait un cataclysme auquel elle n’est pas du tout préparée, faute d’avoir construit une défense européenne. Elle serait contrainte de se repenser pour rester une puissance mondiale. Nul ne peut prendre ce risque à la légère tant Trump est inconséquent. Il en irait tout autrement avec Joe Biden, partisan du multilatéralisme parce qu’il pense que « le monde ne s’organise pas tout seul ». S’il veut en finir avec les guerres américaines, il entend malgré tout rassembler les démocraties dans un Sommet pour défendre leurs valeurs communes et faire face ensemble aux nouvelles menaces. C’est donc aussi entre deux politiques étrangères que tranche aujourd’hui le peuple américain. Et parce que les Etats-Unis demeurent, et de loin encore, la première puissance de la planète avec
milliards de PIB (contre milliards pour la Chine et milliards pour l’Union européenne), les conséquences de cette élection pèseront lourdement sur nous. En bien ou en mal.