LES COUACS DU CONFINEMENT
Les Azuréens le respectent mais est-ce suffisant ? Télétravail : des employeurs et salariés rechignent
Ce vendredi matin, grand soleil, ciel bleu et mer d’huile à Nice en ce huitième jour de reconfinement. Au marché de la Libération, c’est l’affluence, mais pour faire ses achats de première nécessité.
En centre-ville, malgré les rideaux de fer baissés des boutiques vendant des produits jugés « non essentiels », des files d’attente se forment ça et là devant les enseignes qui proposent le click and collect (achat en ligne avec retrait en magasin). D’autres promènent leur chien, font leur footing, prennent l’air, se rendent à leur travail, un dossier sous le bras. Tous ont une bonne raison d’être hors de leur domicile.
« Je sors quand j’ai envie »
Pascal, 40 ans, croisé rue Gioffredo, assure respecter le confinement mais reconnaît ne pas s’interdire de sortir quand il en a envie. Sur l’attestation dérogatoire de déplacement, téléchargée sur son téléphone, il coche « achat de fournitures nécessaires à l’activité professionnelle ». Il est à son compte, c’est pratique.
A proximité du lycée Massena, Baptiste, Sacha, Benjamin et Arthur, élèves de seconde, réajustent leur masque, négligemment baissé sur le menton, quand nous les interpellons. Ils s’en vont chercher un encas pour déjeuner ensemble dans un parc du quartier. On les interroge sur le respect du confinement. Ils sourient.
« On est 34 dans la classe, on est les uns près des autres, parfois on n’a pas le masque mais on nous dit rien », indiquent-ils, fatalistes. Benjamin dit faire attention : « J’évite de trop approcher mes parents. » Mais renoncer aux copains, pas question. Après les cours, tous quatre admettent continuer à se fréquenter, cartable sur le dos comme alibi, et parfois se retrouver à sept ou huit chez les uns ou les autres, « mais il s’agit du même groupe. On ne se mélange pas », rassurent-ils. La menace d’un confinement total comme au printemps ne les effraie pas. Au contraire.
« Je suis pour », annonce Benjamin.
« Moi j’ai kiffé le confinement. Je passais du temps sur la console et en même temps je révisais », se souvient Sacha.
Pierre, 87 ans, fait ses courses rue de la Préfecture, son attestation en poche, un sachet de carottes à la main. Il porte le masque tout en s’interrogeant quand même sur son efficacité : « Ilyaeutellement de revirement...» Mais n’est pas inquiet pour luimême : « J’ai 87 ans. Que je meure maintenant ou dans 10 ans, bah c’est pareil. »
« Ce n’est pas assez contraignant »
Sur la promenade des Anglais, deux septuagénaires, toutes deux prénommées Françoise, se retrouvent pour aller se baigner. Sur leurs attestations, rédigées à la main, elles ont écrit « activité physique » comme motif de déplacement dérogatoire. « Le premier confinement c’était très agréable. Je l’ai pris avec légèreté. Mais là c’est anxiogène. Au printemps ça a duré deux mois et après, on s’est dit que c’était fini. Là, on ne sait pas ce qui va se passer. On n’est même pas sûrs qu’on va pouvoir fêter Noël », confie l’une des deux retraitées. « Ce confinement n’est pas assez contraignant, estime son amie. On essaie de ménager les enfants, l’économie... Il y a trop d’exceptions. C’est un confinement à la carte. Tant qu’on n’aura pas tous rencontré le virus ou trouvé un vaccin, on ne s’en sortira pas », conclut-elle avant d’aller prendre un bain : « L’eau est étonnamment bonne ! »