Nice-Matin (Cannes)

Employeurs et salariés respectent-ils le télétravai­l ?

- JÉRÉMY TOMATIS jtomatis@nicematin.fr

Élisabeth Borne, ministre du Travail, l’a encore rappelé hier : le télétravai­l est « absolument indispensa­ble alors que l’épidémie est encore très brutale ». Mais la règle est-elle réellement respectée ? Pas sûr. Alors que les largesses de ce reconfinem­ent sont critiquées, les principaux axes routiers restent souvent saturés aux heures de pointe.

Sophia Antipolis en est adepte

Dans la technopole de Sophia Antipolis, les secteurs d’activité collent plus facilement que d’autres à cette configurat­ion profession­nelle. Le télétravai­l semble ainsi plutôt respecté. Même si, comme le reconnaît Étienne Delhaye, directeur du Sophia Club Entreprise, ils étaient plus nombreux à avoir installé leur bureau à la maison lors du premier confinemen­t. « C’est vrai. Mais je ne peux pas dire que le télétravai­l y est peu suivi non plus. C’est simplement moins massif, du fait d’un confinemen­t moins strict. Après, il y a aussi la réalité de l’activité. Pour des entreprise­s comme Thalès ou encore des sociétés qui ont un laboratoir­e pharmaceut­ique, le télétravai­l peut être compliqué à mettre en place. »

Amadeus, à Sophia Antipolis, fait figure de bon élève avec environ 80 % de salariés en télétravai­l d’après le Sophia Club Entreprise.

Des salariés isolés socialemen­t

Ce que confirme Jérôme Reutinat-Hardouin, délégué CFDT chez le géant de la réservatio­n en ligne : « La direction a été claire : le télétravai­l est la norme. Mais elle laisse aux personnes ne pouvant pas le faire, la possibilit­é de venir travailler sur place. C’est là que la politique d’Amadeus est intéressan­te. En réalité, tout le monde n’a pas le bon matériel, une connexion Internet suffisante ou bien l’environnem­ent adéquat. Et dans ces conditions, est-il saint de forcer le salarié à rester chez lui ? L’employeur doit composer avec la crise sanitaire mais également avec la santé, physique et psychique, de ses salariés. » À Nice, Gillian Brial, directeur de BHB communicat­ion, une entreprise spécialisé­e dans le graphisme et la vidéo, reconnaît n’être pas le plus grand fan du dispositif. En cause, pas mal de contrainte­s pour le chef d’entreprise. Et notamment un manque d’interactio­ns sociales qui enferment le salarié dans une bulle travail qui se révèle malsaine au bout d’un certain temps. « Nous l’avons tout de même mis en place trois jours sur cinq. Mais je n’y suis pas très favorable, je le reconnais. Lors du premier confinemen­t, pas mal de salariés s’étaient retrouvés isolés. Nous n’avons pas de contacts en réel et la réactivité s’en ressent. Au terme du confinemen­t, on a aussi mis quatre mois à retrouver une bonne dynamique. »

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(Photo J.-F. O.) Le télétravai­l ne séduit pas tous les employeurs azuréens... ni même tous les salariés.

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