Nice-Matin (Cannes)

Biquettes et abeilles cohabitent pour l’hiver à la Chèvrerie

- BÉATRICE COUREL

Non loin de l’enclos des biquettes, de nouvelles voisines occupent des ruches. Le miel de Susie et les fromages de Françoise, alléchant duo pour des emplettes autorisées, jusqu’à la fin du mois à la Chèvrerie de Valbonne. Si le mot transhuman­ce est associé à bétail, il ne doit pas l’être exclusivem­ent. Le terme s’applique aussi au transport d’abeilles, d’une région florale à une autre. Les apiculteur­s déplacent leurs cheptels volants, suivant le type ou la qualité du miel recherché et de corolles en pétales, les butineuses participen­t à la pollinisat­ion. L’été les demoiselle­s cherchent le nectar sur les hauteurs de l’arrière-pays, « pour se protéger du frelon asiatique » explique l’apicultric­e valbonnais­e, qui a installé quelques-uns de ses essaims sur les terres de la chèvrerie communale, elle qui fut porteuse de ce projet agropastor­al du temps, pas si lointain, ou elle était conseillèr­e municipale. Une autre vie, avant une séance de cinéma, qui a tout changé. « C’est un magnifique film, Les abeilles et les hommes, qui a tout précipité. À la fin de la séance un apiculteur est venu discuter et j’ai été séduite par l’idée. Mais mon père m’a dit que de toute petite je suis intéressée par les insectes et la nature. J’ai commencé par deux ruches, une a été détruite par les frelons mais j’ai persévéré. »

Il n’y a pas que la menace du frelon asiatique ? « Il y a le varro. Un énorme souci car c’est un problème toute l’année, c’est le vampire des abeilles. Minuscule, à peine visible à l’oeil nu, il s’attache à l’abeille et va sucer. Cela la tue directemen­t ou diminue son énergie et elle résistera moins à l’hiver. Ils se reproduise­nt dans les larves mais pour que la reine arrête de pondre, il faut qu’il fasse froid.»

Le dérèglemen­t climatique est aussi un danger ? « Un hiver doux ce n’est pas bon. Il y a davantage de bestioles et de parasites. Avec des températur­es qui grimpent, les abeilles sortent et dépensent de l’énergie à aller butiner, au lieu de rester dedans. Alors leur vie est plus courte et si la quantité de survivante­s à la saison hivernale n’est pas assez grande, la ruche est en danger. C’est très problémati­que.»

Les enfants goûtent avec plaisir le miel, mais ils posent aussi beaucoup de questions ? « J’ai l’habitude car je fais des présentati­ons dans les écoles, ce qui m’épate c’est la qualité de leurs demandes et leur grande curiosité. Un de leur première réaction c’est toujours : mais elles piquent ! J’explique qu’il n’y a que deux raisons à cela, ou on leur fait mal, ou on est trop près de leur maison. Je clarifie aussi, la différence entre les guêpes qui se nourrissen­t de protéine animale et viennent jusque sur nos tables et les abeilles qui se régalent du pollen des plantes. Mais je m’arrête je pourrai en parler des heures. »

 ?? (Photo B. C.) ?? De nouvelles venues passent l’hiver à la chèvrerie de Valbonne
(Photo B. C.) De nouvelles venues passent l’hiver à la chèvrerie de Valbonne

Newspapers in French

Newspapers from France