« La loi sur l’IVG, un retour en arrière »
Michel Forkasiewicz, consul honoraire de Pologne à Nice
Depuis quinze jours, les manifestations s’enchaînent en Pologne contre le durcissement de l’accès à l’IVG. Michel Forkasiewicz, consul honoraire de Pologne à Nice depuis quatorze ans, décrypte cette contestation qui « gagne toutes les villes de Pologne. »
Ces manifestations sont-elles vraiment importantes ?
Depuis quinze jours, elles réunissent à
femmes à travers le pays, y compris dans des villes de moindre envergure de l’ordre de habitants. Cela est inédit. En fait, le gouvernement a pris un mauvais texte au mauvais moment.
C’est-à-dire ?
La Pologne est dirigée par le parti ultraconservateur Droit et Justice (PiS), présidé par Jaroslaw Kaczynski, vice-Premier ministre. Pour faire plaisir à l’Église catholique, la loi sur l’IVG a été modifiée. Beaucoup plus strict, ce texte a été adopté par le Parlement, approuvé par le Tribunal constitutionnel polonais. Le gouvernement l’a fait passer en pleine épidémie de coronavirus en croyant que personne n’allait manifester. Il s’est trompé.
Que dit cette nouvelle loi sur l’IVG en Pologne ?
Désormais, le recours à l’avortement n’est possible qu’en cas de viol ou d’inceste. La femme polonaise devient une machine. Enceinte, elle perd tout droit sur son foetus, en cas de malformation. C’est le gouvernement qui décide pour elle. Et c’est là, un retour en arrière total.
En tant que consul honoraire de Pologne, qu’est-ce qui vous a poussé à réagir ?
Dans les Alpes-Maritimes et une partie du Var, la communauté polonaise compte à personnes dont la moitié au moins est des femmes. J’ai reçu beaucoup de coups de fil de Franco-polonaises qui voulaient manifester, à Nice, contre cette loi sur l’IVG en Pologne. Compte tenu de la crise sanitaire, cette manifestation interdite par la préfecture et la Ville de Nice, n’a pas été possible. Alors, en tant que consul honoraire de Pologne, je me fais le relais de ces femmes pour porter leur voix et leur colère.