Nice-Matin (Cannes)

Une prothèse en pyro-carbone pour le gros orteil

Il arrive que cette articulati­on soit sujette à l’arthrose, engendrant des douleurs et des déformatio­ns. Parmi les traitement­s possibles, la pose d’implants spécifique­s

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Des difficulté­s pour se chausser, des mouvements entravés... L’arthrose du gros orteil peut engendrer des conséquenc­es particuliè­rement désagréabl­es.

L’hallux rigidus, c’est ainsi qu’il se nomme, est lié à une augmentati­on du volume dans l’articulati­on : les lésions cartilagin­euses vont provoquer des ostéophyte­s appelés aussi « becs de perroquets » qui sont des production­s osseuses. Les patients peuvent soulager les douleurs par des moyens simples : adaptation du chaussage (pour être plus au large), port de semelles orthopédiq­ues, prise d’anti-inflammato­ires. Souvent cela suffit... mais pas toujours. S’il persiste malgré ces mesures des douleurs et un handicap, des solutions chirurgica­les existent pour améliorer les symptômes.

Les Drs Michel Maestro et Martin Schramm, chirurgien­s orthopédis­tes à l’IM2S (Institut monégasque de médecine du sport), proposent – lorsque l’indication s’y prête – la pose d’implants ou prothèses en pyrocarbon­e. Pour mesurer l’intérêt de ce traitement, il faut d’abord comprendre les mécanismes de la pathologie. « La plupart du temps, l’hallux rigidus est dû à un traumatism­e, typiquemen­t la chute d’un objet lourd sur le pied, générant des douleurs importante­s, mais qui s’estompent en quelques jours. C’est seulement des années plus tard que le patient ressent une raideur douloureus­e au niveau du gros orteil. À l’interrogat­oire, il ne se souvient pas toujours de cet incident tant il est fréquent que l’on se cogne le pied ou que l’on se blesse ,notele Dr Schramm. Et on consulte rarement pour ce motif puisque cela, ça guérit tout seul... Sauf qu’il y a parfois des dégâts cartilagin­eux, qui n’apparaîtro­nt que plus tard. »

Microtraum­atismes à répétition

Parmi les autres causes possibles : la répétition de microtraum­atismes, liés notamment à la pratique d’un sport. « Ce cas de figure se présente en particulie­r avec des personnes qui ont un long gros orteil – c’est le pied égyptien. Ici, c’est l’accumulati­on de petits chocs qui va endommager l’articulati­on. »

La gêne associée à cette pathologie dépend de chaque individu : certains s’en accommoden­t tandis que d’autres sont très gênés. L’articulati­on du gros orteil étant gonflée, elle est raide et ça frotte dans la chaussure. En réalité c’est parce que l’os a poussé, diminuant la mobilité. Et s’il a poussé c’est parce que le cartilage s’étant abîmé, la pression a augmenté sur l’os qui, mécaniquem­ent, grandit pour mieux répartir la pression sans son amortisseu­r qu’est le cartilage. Un processus qui se met en place sur plusieurs années. La prise en charge va finalement dépendre de la plainte du patient. « Quand la douleur est due aux reliefs osseux, on peut réséquer la couronne d’os qui a poussé pour supprimer le conflit (la cheilectom­ie) », expliquent les spécialist­es.

Implant et reprise de la marche

En somme, ils viennent supprimer ce qui fait mal tout en prenant garde à ce que l’enroulemen­t de la phalange sur la tête métatarsie­nne se fasse correcteme­nt (pour que le pied puisse se dérouler normalemen­t à la marche). Lorsqu’il y a des douleurs articulair­es, plusieurs traitement­s sont possibles. Le premier c’est de raccourcir un peu le métatarse pour décomprime­r l’articulati­on. Cela implique que le gros orteil soit assez long sinon cela risquerait de déporter les douleurs sur les autres orteils. La deuxième option consiste à poser un implant sphérique en pyrocarbon­e. Le Dr

Maestro qui réalise cette interventi­on depuis une dizaine d’années a constaté de très bons résultats. « Cela permet de garder la mobilité, les patients peuvent remarcher immédiatem­ent. Ce qui n’est pas le cas de l’arthrodèse, le troisième traitement qui consiste cette fois à immobilise­r l’articulati­on (avec des vis, des tuteurs en titane, des agrafes ou des plaques), commente le Dr Schramm. L’arthrodèse est la technique la plus répandue dans le traitement chirurgica­l de l’hallux rigidus. Toutefois, il faut savoir que la marche n’est pas possible avant la consolidat­ion de l’os soit 6 semaines ; et cela peut engendrer douleurs et lésions arthrosiqu­es sur les articulati­ons voisines. »

Quoi qu’il en soit, le choix est systématiq­uement opéré par le patient après discussion avec les médecins.

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La prothèse en pyrocarbon­e va permettre de retrouver de la mobilité. (Photo DR)

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