Nice-Matin (Cannes)

À la chasse à l’habitat indigne

Dès le 1er avril 2021, la location dans le centre historique sera soumise à un contrôle et une autorisati­on préalable. La chasse aux marchands de sommeil est ouverte !

- P. F. pfiandino@nicematin.fr

On déclare la guerre à l’habitat indigne et là, on dispose de l’arme la plus coercitive pour la mener. » Le vocabulair­e employé par Jérôme Viaud ne laisse aucune place au doute. À en croire le maire, les marchands de sommeil du centre historique ont du souci à se faire ! Présenté le 24 septembre en conseil communauta­ire, le « permis de louer » a été adopté à l’unanimité des élus [même si les membres du groupe Gatea étaient absents, lire plus loin], hier, en séance municipale.

Si la compétence Habitat appartient, donc, à la CAPG, celle-ci a délégué la mise en place du dispositif à la Ville de Grasse, dont le centre historique est, doux euphémisme, largement concerné par la question.

De quoi parle-t-on, au juste ? « D’un outil de lutte contre l’habitat indigne ; une autorisati­on préalable qui sera délivrée par la Ville pour tous les logeurs privés dans le périmètre du coeur de ville » déclame le 1er magistrat.

 immeubles et   logements

Dispositif de contrôle de l’état des habitation­s – une commission ad hoc va être créée pour suivre et évaluer la mise en place – qui concernera, dès le 1er avril 2021, plus de 600 immeubles et 2 000 logements. D’ici là, les réunions avec les différents acteurs – habitants, propriétai­res, syndics, agences immobilièr­es, notaires – vont se succéder pour détailler le processus. «On va aussi mettre en place des partenaria­ts avec la Caf, la Mutuelle sociale agricole, la DDTM (1), l’Agence régionale de santé, les services fiscaux...» liste l’édile. En clair, tout le monde est de la partie ! L’ensemble sera géré par le service communal HygièneSan­té, jusqu’en décembre 2022, date de fin du PLH (2). La commission pourra alors statuer pour modifier le périmètre et l’étendre à d’autres quartiers. C’est, d’ailleurs, l’objet d’une interrogat­ion de l’élu d’opposition, Jean-Paul Camerano. Qui, « saluant l’initiative pour relever le niveau de certains appartemen­ts dans un état pitoyable », questionne : « Pourquoi ne pas l’avoir étendu directemen­t ? »

Quid des bailleurs sociaux ?

Nicole Nuttini, adjointe en charge de la problémati­que, l’éclaire : « Le périmètre est défini par le nombre d’agents présents pour étudier sur le terrain [deux enquêteurs]. Quand on aura les moyens alloués, on pourra l’étendre. » Jérôme Viaud, affirmant que Grasse est «la première ville du départemen­t à adopter cette démarche volontaris­te », complète : « On a voulu cibler le lieu le plus en difficulté, le centre historique et ses 10 ha. Pour lutter contre ses marchands de sommeil qui n’entretienn­ent pas le bâti et génèrent une paupérisat­ion du centre historique. » Extension du dispositif toujours, Jean-Paul Camerano évoque, cette fois, le cas des bailleurs sociaux, non concernés [lire plus loin] et qui proposent « certains logements indignes aussi. » Pourquoi ? Tout simplement parce que ça n’entre pas dans le cadre de la loi Alur (3), même si, concède le maire, « un certain nombre mérite effectivem­ent qu’on s’y penche. » Effectivem­ent, oui...

1. Direction départemen­tale des territoire­s et de la mer.

2. Programme local de l’habitat.

3. Loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové.

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Le dispositif concerne, pour l’heure, le périmètre du centre historique. Celui-ci pourrait, néanmoins, être élargi en fin d’année . (Photo Maxime Rovello)

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