Gestion de la crise : quatre informations judiciaires ouvertes
Elles ont été ouvertes, hier, par le parquet de Paris contre X pour « abstention volontaire de combattre un sinistre », « mise en danger de la vie d’autrui » et « homicides et blessures involontaires »
Cinq mois après avoir ouvert une vaste enquête préliminaire, le pôle Santé publique du parquet de Paris a décidé de transmettre ses investigations à des juges d’instruction.
Quatre informations judiciaires ont été ouvertes sur la gestion critiquée de la crise de la Covid19 en France, a annoncé, hier, le parquet de Paris.
Des procédures qui regroupent plaintes
« Ces procédures regroupent 253 des 328 plaintes mettant en cause des décideurs et structures publics nationaux dont le parquet de Paris a été destinataire depuis le 24 mars 2020 », a précisé le procureur de la République Rémy Heitz.
« Les investigations réalisées principalement par l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) ont permis, notamment par l’audition des principaux plaignants, de distinguer quatre volets portant respectivement sur des faits qui auraient été commis au préjudice de la population en général (240 plaintes), de personnels de santé (5 plaintes), d’agents de la fonction publique d’État (4 plaintes) et de personnes malades ou décédées (4 plaintes) », précise le parquet de Paris.
Edouard Philippe et Olivier Véran visés
L’ouverture de ces quatre informations judiciaires est « beaucoup trop tardive », dénonce Yassine Bouzrou, avocat de l’association de victimes CoeurVide19 et du syndicat de police Vigi, qui se sont portés parties civiles.
« Le procureur de la République de Paris, compte tenu de son absence d’indépendance, n’était pas en mesure d’enquêter convenablement sur les possibles manquements de l’Etat. Des magistrats indépendants auraient dû être saisis dès le mois de mars », poursuit Me Yassine Bouzrou. Plusieurs autres plaintes, instruites, elles, par la Cour de justice de la République, visent par ailleurs le ministre de la Santé Olivier Véran ou l’ancien Premier ministre Edouard Philippe pour leurs décisions prises pour faire face à la crise sanitaire.
Le 15 octobre, plusieurs perquisitions avaient eu lieu à leurs bureaux, ainsi qu’à ceux du directeur général de la santé et de l’ancienne porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, notamment.
Les informations judiciaires, ouvertes ce mardi, ont vocation à examiner les responsabilités de l’administration.
Le cas des membres du gouvernement fait, lui, l’objet d’une instruction distincte, menée par la Cour de justice de la République, seule instance habilitée à les juger pour l’exercice de leur fonction.