Anne Roumanoff le sourire dans la peau
Du lundi au vendredi, l’humoriste anime Ça fait du bien avec une bande de chroniqueurs sur Europe 1. Une manière d’apporter un peu de sourires dans une période difficile.
Difficile de faire rire quand tout ce qui nous entoure se casse la gueule. Pourtant, c’est la drôle de mission d’Anne Roumanoff et de son équipe avec Ça fait du bien, tous les jours sur Europe 1, de 11 heuresà12h30.
C’est ainsi que du lundi au vendredi, Anne Roumanoff, accompagnée des humoristes de demain et entourée de ses invités, se joue de l’actualité. Autour de celle qui a fait son premier onewoman-show en 1987, une bande de chroniqueurs aussi talentueux que décalé (parmi lesquels Christine Berrou, BenH, Régis Mailhot, Mickael Quiroga, Laurent Barat...).
Au menu : de l’actualité, des interviews, des billets mais surtout une manière de dédramatiser le quotidien qui, en cette année 2020, est devenu de plus en plus anxiogène. Même si le rire est au rendez-vous, Anne Roumanoff mène d’autres combats comme celui de la solidarité avec une association baptisée Solidarité avec les soignants, que l’on peut notamment retrouver sur Facebook. Même au coeur d’une année pas comme les autres, l’humoriste n’a jamais perdu l’envie de rire.
Avoir une émission qui s’appelle Ça fait du bien, c’est plutôt une bonne nouvelle en , non ?
On avait trouvé le titre de l’émission avant mais c’est vrai que c’est plutôt une bonne chose car on essaie de faire du bien aux auditeurs malgré tout. Je suis super heureuse de faire cette émission, encore plus maintenant. Que ce soit pour moi ou pour les chroniqueurs, c’est une vraie soupape. C’est notre seule sortie aussi. Parfois, je suis à plat, je n’ai pas le moral et cette émission me redonne la pêche. Je profite encore plus de l’émission cette année, il y a quelque chose de chaleureux. De différent. D’humain.
C’est une chance finalement d’animer une émission axée sur la bonne humeur ?
Je me sens surtout très privilégiée d’avoir du travail en cette période actuelle. J’ai près de dates reportées sur mon spectacle car la culture est un secteur très touché mais on n’est pas les seuls. C’est une crise économique, morale, sanitaire. Ce n’est pas une période facile alors il faut prendre n’importe quel bol d’air. Et la radio en est un.
Vous animez l’émission différemment que durant le premier confinement ?
Lors du premier confinement, on sentait de l’énergie positive de la part des gens, on savait que c’était deux mois et puis tout irait mieux, on recevait des vidéos de yoga sur Instagram, etc. Là, il y a une forme de lourdeur, les attentats se sont rajoutés aussi à l’actualité, on a l’impression de ne pas en voir la fin alors on s’efforce d’être encore plus ironique, on se moque de Véran, de Raoult, on fait des imitations, même courtes, mais il faut trouver des petits moments de rigolade. On a parfaitement conscience de la situation mais il faut savoir en rire.
Le rire est le meilleur remède ?
Le rire permet de supporter le réel. On est aussi là pour dédramatiser l’actualité. Il y a une vraie angoisse collective, notamment liée à la situation économique, alors on s’adapte au contexte. Et puis avec l’équipe on commence à bien se connaître, on s’adapte à chacun, c’est, pour nous aussi, notre bulle d’oxygène quotidienne. J’ai été cas contact récemment alors j’ai fait l’émission de chez moi, j’avais l’impression d’être au téléphone avec des amis et non dans une émission de radio. C’est particulier.
Ça change quoi d’animer une émission de chez vous ?
Ça demande plus de concentration. C’est plus ardu quand vous n’avez que la voix pour mener une interview, surtout quand vous avez des invités haut de gamme comme Christine Ockrent récemment. Le présentiel, même avec un masque, vous permet d’avoir un contact visuel avec votre invité, c’est plus fluide. Là, je n’avais que la voix et, moi qui suis beaucoup dans l’empathie, ça me demande plus de travail et de concentration.
Votre métier d’artiste va-t-il changer ?
Tout va être bouleversé, il faut s’adapter en permanence. Je suis très investie dans une association d’aide aux soignants, ça m’a beaucoup occupée pendant le premier confinement, du coup la scène ne me manquait pas, j’avais ce contact humain à travers mon association. Quand je suis remontée sur scène cet été, je ne savais pas si j’allais prendre du plaisir, je n’étais pas en manque de contacts humains quelque part. Mais j’ai vu rapidement que j’aimais toujours ça. Avec mes techniciens que je côtoie depuis ans, on a pris conscience de la chance d’être là. C’est comme quand vous êtes blessé à une jambe et qu’avec le temps, vous reprenez plaisir à remarcher.
Cela nous a redonné une capacité d’émerveillement que l’on avait perdu, c’est important. Là, on est dans une machine à laver, on est secoué, mais quand tout sera plus calme, nos standards auront changé, c’est une évidence. Il faudra parler de tout ça.
La radio est un média très proche des gens, le confinement lui a presque redonné ses lettres de noblesse...
Il y a une vraie complicité avec les auditeurs car on rentre directement chez eux. On le sent aussi au sein de l’équipe, on est soudés. On s’entendait tous très bien mais cette période nous a encore plus rapprochés. L’équipe s’est construite de manière un peu artisanale avec le temps et l’alchimie s’est faite petit à petit. Je suis très à l’aise sur ce format d’émission, à ce créneau. Il y a du rire mais aussi de la profondeur. Ça me correspond.
Ça fait du bien, du lundi au vendredi de 11 heures à 12 h 30 sur Europe1.
‘‘ Le rire permet de supporter le réel”
‘‘ Cette période nous a rapprochés au sein de l’équipe”