Nice-Matin (Cannes)

Son appartemen­t se retrouve vendu par erreur

Géré par l’agence Foncia à Cagnes-sur-Mer, le bien de Christophe Reale, situé à Nice, a été acheté sans son accord. On l’a confondu avec celui de son frère, dans le même immeuble

- ORNELLA VAN CAEMELBECK­E ovancaemel­becke@nicematin.fr

L’histoire serait presque drôle si elle n’était pas si dramatique. En 1995, Christophe Reale, un Niçois demeurant désormais en Italie, achète un appartemen­t type F1 situé sur l’avenue de Fabron, à Nice. Son frère, Jean Reale, acquiert de son côté un studio, également dans cet immeuble, le « Fabron palace ». Au même étage, dans le même couloir. Les deux biens sont placés en gestion locative dans une agence immobilièr­e de Cagnes-sur-Mer, rachetée par Foncia en 2018. L’année dernière, Jean Reale met en vente son bien. L’agence Foncia de Nice-Ouest se charge de la transactio­n. Mais c’est celui de Christophe Reale qui va être vendu.

« C’est quand même incroyable comme histoire ! », s’étonne encore ce dernier. C’est peu dire. Comment son F1 a-t-il pu se retrouver mis en vente à la place du studio de son frère ? « L’acheteur a fait une bonne affaire, il a acquis un deux-pièces au prix d’un studio ! », peste-t-il.

Les faits

L’appartemen­t de Christophe Reale était inoccupé depuis plus d’un an. « Depuis que l’agence a été rachetée par Foncia, elle s’est montrée incapable de me trouver un locataire. Plusieurs prétextes étaient invoqués : l’absence de garage, le loyer trop cher, etc. »

Lui qui voulait garder son bien pour « revenir vivre à Nice à l’heure de la retraite », se retrouve contacté un matin par Foncia Cagnes. On lui annonce que son F1 semble « squatté ». Christophe Reale manque de s’étrangler lorsque la personne qui s’y trouve déclare en fait l’avoir acheté en février. Il y vit depuis trois mois et a même entrepris des rénovation­s.

Le compromis, signé par Foncia et Jean Reale, présente les bonnes références de l’appartemen­t mis en vente. Mais l’audit technique joint au contrat concerne, lui, le bien de Christophe Reale. Un vrai micmac. « L’agence n’a pas dû vérifier les documents ! », déduit-il. Comment expliquer cette erreur ? Pourquoi n’a-t-il pas été alerté avant ?

« J’imagine que pour organiser les visites, l’agence de Cagnes a donné les clefs de mon appartemen­t à l’agence de Nice. Sans mon consenteme­nt. » Une première bourde ? Contactées par Nice-Matin , les deux agences Foncia n’ont pas donné suite à nos sollicitat­ions. Leur avocat, Me Crovetto-Chastanet

du cabinet Lauga & Associés, à Cannes, a précisé qu’il ne pouvait pas s’exprimer « sur une affaire en cours ».

Christophe Reale regrette, lui, que les deux agences « se renvoient lâchement la balle ». Personne ne semble vouloir assumer cette énorme bêtise.

Et les notaires ?

La faute ne revient pas uniquement aux agences immobilièr­es. Les notaires, chargés de contrôler les transactio­ns, établir et formaliser les actes de vente, voient également leurs responsabi­lités engagées. Leur accord est censé certifier que la vente est légale. La notaire de Jean Reale, basée à Neuilly-sur-Marne (Seine-SaintDenis), n’était pas physiqueme­nt présente le jour de la signature. Elle non plus n’a pas souhaité s’exprimer, invoquant « le secret profession­nel » lié à son activité. Les coordonnée­s de l’acheteur et de son notaire ne nous ont pas été divulguées. Nice-Matin n’a donc pas pu recueillir leurs témoignage­s.

« Mais l’acheteur s’est montré grossier, accuse Christophe Reale, il refuse de quitter les lieux car c’est l’appartemen­t que Foncia lui a fait visiter. »

■ Assignatio­n pour expulsion

L’avocat de la partie plaignante, Me Valentini, du cabinet Valentini & Paoletti basé à Cagnes-sur-Mer et Mougins, assure n’avoir obtenu aucune réponse de ses adversaire­s.

« L’assignatio­n pour réclamer l’expulsion de l’occupant des lieux sera expédiée dans les prochains jours. » Jointe à cette dernière, une assignatio­n attaquant la « responsabi­lité profession­nelle de Foncia ».

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(Photo Dylan Meiffret) La résidence dans laquelle s’est produite la confusion.

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