Nice-Matin (Cannes)

remobilise­r les soignants face à l’épidémie de Covid-19 ? P 19 à 22

Les soignants aiment leur métier... un métier passion... mais ils réclament des moyens et de la reconnaiss­ance. Sous toutes ses formes

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Des services de soins qui ferment. Un système de santé en péril. Des établissem­ents médico-sociaux dans une situation effroyable. Le manque de soignants, infirmiers et aides-soignants en tête, constitue un véritable fléau qui impacte l’ensemble de la filière de soins. Et la crise sanitaire que nous traversons n’a fait qu’exacerber le problème du déficit chronique de soignants. De nombreux hôpitaux français cherchent désespérém­ent à recruter des soignants. Pour attirer les candidats, ils n’hésitent plus à s’appuyer sur les réseaux sociaux, en postant des petites annonces et des vidéos pour inciter des infirmiers, des aides-soignants à les rejoindre. Pourquoi les hôpitaux fontils face à un tel manque de personnel ? Est-ce le reflet d’une crise des vocations ? Comment les établissem­ents de santé gèrent au quotidien la pénurie ? La crise de l’hôpital participe-t-elle à décourager les étudiants à s’engager dans ces filières ? Voire à inciter les profession­nels en poste à quitter le métier précocemen­t ? Autant de questions essentiell­es qui ont fait l’objet d’échanges très riches entre les différents participan­ts au dernier débat de Santé matin. Organisé exceptionn­ellement en visio-conférence, il réunissait des directeurs d’établissem­ents, des médecins, mais surtout des cadres de santé, infirmiers de formation, des patients et des étudiants aides-soignants et infirmiers. Une occasion unique de confronter les arguments des uns et des autres. Et une conclusion consensuel­le : la vocation n’a jamais disparu, la flamme est toujours là chez des nombreux jeunes qui souhaitent rejoindre les rangs de ceux engagés au quotidien auprès des personnes rendues vulnérable­s par la maladie, l’âge ou les circonstan­ces de la vie. Et c’est cette flamme qui leur permet de garder le cap quand le bateau prend l’eau de toutes parts comme c’est le cas en cette période de crise sanitaire majeure.

Mais si tous admettent que sans passion, ce métier ne peut, ne doit être exercé, ils ont de légitimes revendicat­ions : salariales déjà – les soignants français sont parmi les moins bien payés d’Europe et le Ségur de la santé n’aura pas réussi à combler le fossé. Ils réclament aussi plus de moyens humains lorsque certains décrivent des situations de telle tension qu’ils sont conduits à remplacer deux à trois personnes à eux seuls. Ils disent aussi leur souhait d’être réellement accompagné­s dans leur formation et non pas jetés dans la fosse aux soins, encore étudiants ou apprentis. La santé est une matière complexe, parce qu’elle touche à l’humain. L’erreur ne pardonne pas. Pourtant, tous ces soignants, quel que soit leur niveau de qualificat­ion, n’hésitent pas à endosser des responsabi­lités qui ne devraient pas leur incomber. Mais la réalité, qu’elle ait le visage d’une vieille personne angoissée dans un Ehpad, ou les traits d’un malade, privé de visites en ces temps difficiles, les pousse à prendre certains risques. Pas pour eux. Pour les autres. Alors ce qu’ils réclament aussi, c’est un peu de reconnaiss­ance. Pas seulement sous la forme d’applaudiss­ements, ou d’images projetées sur le mur d’un hôpital. Mais sous la forme d’une juste écoute de ceux qui sont aux manettes.

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(Photo Clément Tiberghien)
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(Photo Ax.T.) La gestion de la pénurie de personnel est une préoccupat­ion quotidienn­e pour les directions des soins des différents établissem­ents.

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