La semaine de Claude Weill
« L’heure est clairement à l’optimisme »
Lundi
La bonne nouvelle : l’américain Pfizer et son partenaire allemand BioNTech annoncent que leur candidat-vaccin se révèle efficace à plus de %. Ils comptent demander l’autorisation d’utilisation aux États-Unis d’ici la fin du mois et prévoient de produire jusqu’à millions de doses dès cette année. Jusqu’à , milliard en . La communauté scientifique veut rester prudente, mais l’heure est clairement à l’optimisme. En Europe aussi. D’autres approches, chez les concurrents, donnent des résultats encourageants. L’OMS a recensé pas moins de candidatsvaccins testés sur l’homme.
Des chiffres à peine croyables, sachant qu’ordinairement il faut à peu près dix ans pour développer un vaccin. La compétition mondiale entre labos a parfois du bon. La mauvaise nouvelle : un peu plus d’un Français sur deux ( %) seulement envisage de se faire vacciner. Selon une étude internationale d’Ipsos, nous serions même les champions du monde du vaccinoscepticisme. Le flop de la campagne de vaccination contre le HN (), les propagandes anti-vax, versant parfois dans l’obscurantisme, certains allant jusqu’à inventer un complot destiné à nous « pucer » et nous réduire en servitude, ont laissé des traces. Ça passera. Il n’empêche… La force du courant anti-vax, au pays de Pasteur, est un inépuisable sujet d’étonnement.
Mardi
L’improbable événement du jour, c’est la sortie – et le succès – sur Internet du documentaire Hold-Up. Un salmigondis de fake news ,de rumeurs non étayées et de théories complotistes, avec de vrais morceaux de vérité à l’intérieur, pour crédibiliser le tout. Et en point d’orgue, l’interview ubuesque d’une réputée « sociologue »à la retraite accusant les riches et les maîtres du monde d’avoir planifié « l’extermination » (elle ose parler « d’holocauste ») de la moitié de l’humanité. Toutes les grandes crises ont vu la prolifération de narratifs délirants qui servent à désigner les « coupables » et donnent l’illusion de pénétrer le secret des choses. Ce qui est nouveau, c’est leur capacité de propagation via les réseaux sociaux. Avec la naïve collaboration de quelques stars écervelées et la cynique complaisance de certains médias égarés par la course à l’audimat.
Misère de la modernité ! Selon une étude parue dans la revue Science en , une information vraie atteint rarement plus de personnes sur Twitter, tandis que le top % des fausses informations touche entre et personnes. Tant il est vrai que les fakes sont excitants et la vérité souvent décevante.
Il n’empêche… Que le pays de Descartes se montre aussi réceptif aux élucubrations des amateurs de
« vérités alternatives » ,ilyalà(bis) un inépuisable sujet d’étonnement.
Jeudi
Ça y est ? Jean-Luc Mélenchon a ses signatures. La France insoumise salue bruyamment la performance. Son lieutenant Éric Coquerel n’a pas craint de la comparer aux , mètres en longueur de Bob Beamon, ou aux mètres de Bubka à la perche. Pour rester dans le registre sportif, disons que pour le chef des Insoumis, sept millions de voix en , cela équivalait plutôt à nager le
mètres en deux minutes. Avec palmes. Mais passons... Le troisième essai (comme Mitterrand et Chirac), sera-t-il le bon ? La première conséquence de cette étrange primaire à un seul candidat, c’est la quasi-certitude que la gauche ira à la présidentielle de en ordre dispersé. Pour Emmanuel Macron et Marine Le Pen, c’est une affaire.
Jeudi encore. Tandis qu’on compte et recompte, et que Donald Trump retweete compulsivement les preuves alléguées de la fraude « massive » dont il se dit victime, ses recours sont rejetés les uns après les autres. Dans un communiqué commun, les responsables des innombrables comités et agences d’État chargés de veiller à la sincérité du scrutin déclarent :
« L’élection du novembre a été la plus sûre de l’histoire américaine. »
Vendredi
Le général Mark Milley, chef d’état-major des armées américaines : « Nous ne prêtons pas serment à un roi ou à une reine, à un tyran ou un dictateur. Nous ne prêtons pas serment à une personne. Nous prêtons serment à la Constitution. » Nul n’avait jamais imaginé que l’US Army puisse prêter la main à un coup de force contre les institutions. C’est dit. Vendredi encore. Pour la première fois depuis l’été, la moyenne hebdomadaire des hospitalisations Covid et des entrées en réanimation est en baisse en France.
On ne se réjouit pas trop vite. On ne relâche pas l’effort.
On tient bon.
Tous ensemble, il semble que nous soyons en train de casser la courbe.
Samedi
Donald Trump : « Quoi qu’il arrive dans l’avenir - qui sait quelle administration ce sera, je crois que le temps le dira - je peux vous dire que cette administration n’ira pas au lockdown. »
Le propos est ambigu. Le président en exercice n’a pas explicitement concédé sa défaite. Mais pour la première fois, il vient d’évoquer publiquement la possibilité de son départ de la Maison-Blanche.