Génération Covid génération sacrifiée ?
La crise sanitaire, l’insécurité liée au terrorisme, la crainte de voir la situation de l’emploi se dégrader sont autant d’inquiétudes pour la jeune génération. Qui reste malgré tout optimiste pour l’avenir...
C’est dur d’avoir 20 ans en 2020 ! » Ces mots, ce sont ceux qu’a prononcés le président de la République, à la mi-octobre, à l’adresse de la génération 2000. Toutes ces filles et garçons qui, voici quelques mois encore, vivaient leur jeunesse avec une certaine insouciance et qui ont été rattrapés par la crise sanitaire et un contexte anxiogène extraordinairement angoissant. Ceux-ci sont venus mettre un terme à une vie sociale souvent intense, mais aussi, pour certains, perturber leurs espérances professionnelles ou le cours de leurs études. Un vrai problème en fait, parce que les sociologues s’accordent à dire que « 20 ans, c’est l’âge où l’on éprouve le besoin de se socialiser et d’appartenir à un groupe ». L’isolement forcé représente ainsi un vrai risque de voir ces jeunes se réfugier dans le monde virtuel des jeux et d’Internet, plus encore qu’à l’ordinaire.
Des points positifs, malgré tout
Alors peut-on parler des « vingtenaires » comme d’une génération sacrifiée ? Ce n’est pas le sentiment général qui ressort chez ceux que nous avons rencontrés. Certes, tous ne vivent pas très bien la période actuelle. Certes encore, quelques-uns souffrent de cette privation de liberté qui leur est aujourd’hui imposée.
Mais, si l’on doit s’amuser au jeu des comparaisons, la jeunesse du vingtième siècle confrontée à deux guerres mondiales, ou encore à la guerre d’Algérie, a connu bien pire. Du reste, il y a aussi des points positifs à considérer dans le scénario que vivent nos jeunes en cette « annus horribilis ». Interrogée par nos confrères de 20 minutes, la psychologue Aline Nativel Id Hammou relève ainsi que « cette période leur a permis de recréer du lien avec leur famille. Beaucoup de mes jeunes patients m’expliquent par exemple, qu’ils ont redécouvert leur fratrie. Ils ont aussi fait du tri dans leurs relations, car ils ont pu voir lors du premier confinement, qui prenait de leurs nouvelles ou pas, les amis qui leur manquaient ou non. Et certains sont sortis de relations toxiques. D’autres se sont éveillés à une forme d’empathie collective. Ils sont devenus bénévoles pour une association, ont davantage rendu service à leurs proches »
Un mal pour un bien ?
Comme le sous-entend aussi ci-après l’un de nos témoins, si la crise sanitaire et sécuritaire a sans doute déstabilisé une bonne partie de la jeunesse, cette dernière peut aussi en tirer une certaine résilience : se dire qu’on a réussi à vivre malgré la Covid, malgré le terrorisme et tous les risques inhérents peut la rendre fière de savoir rebondir après coup. Et donc plus forte.
Dans un sondage réalisé par l’Ifop pour Europe 1 et La Tribune, 62 % des jeunes de 18 à 29 ans interrogés, se disent d’ailleurs optimistes en pensant à l’avenir.
Dans une autre étude (Walter People), concernant cette fois-ci le registre professionnel, si 70 % des jeunes sondés estiment que la crise a retardé ou empêché leur entrée dans la vie active, pas moins de 67 % s’avouent optimistes quant aux opportunités professionnelles qui s’ouvriront à eux dès l’année prochaine. C’est dire que tous les maux qui hantent cette année 2020 n’ont pas réussi à ruiner les espérances de la jeune génération ni à miner totalement son moral.
Spécialisé en sociologie des âges de la vie et générations – il est l’auteur du livre Les jeunes réédité quatre fois depuis sa parution en 1984 – Olivier Galland assure même que les vingtenaires pourraient afficher après cette période sombre, un regain d’énergie... « Ils reprendront leur vie sociale là où elle s’est arrêtée. Leur appétit pour les rencontres et les sorties n’en sera que plus grand. »
À croire que cette crise serait presque un mal pour un bien...