Nice-Matin (Cannes)

Eugénie Andrin : danser pour ne pas être perdue

Depuis Antibes où elle a installé sa compagnie en 2014, la chorégraph­e construit une carrière artistique exemplaire. Elle a signé hier pour l’opéra d’Avignon une nouvelle création

- PHILIPPE DEPETRIS

Depuis ses premiers entrechats à Biot, et sa formation chez Rosella Hightower à Cannes, la danseuse et chorégraph­e Eugénie Andrin s’est ouvert une voie royale dans le monde de la danse. Depuis Antibes, berceau de sa compagnie depuis 2014, elle déploie son activité et signe des créations et des chorégraph­ies d’opéra et de comédies musicales sur de nombreuses scènes du monde de Santiago du Chili à Shangaï, de Gênes à Lausanne et de Monte-Carlo aux Chorégies d’Orange en passant par Paris. Cette période troublée par les difficulté­s subies par les métiers artistique­s en général et ceux de la danse en particulie­r par suite de la pandémie due à la Covid 19, l’affecte mais n’entame pas sa déterminat­ion : « C’est vrai que c’est une période compliquée, confie-t-elle, parce que dans le doute et l’incertitud­e dans lesquelles nous sommes, la créativité et l’inspiratio­n ne sont pas forcément les plus intenses, mais ce temps de recul m’a permis d’avancer sur des projets et de prendre du temps pour moi et pour ma famille.»

« Besoin de créer constammen­t »

Avec de nombreuses créations au compteur dont quatre dans le cadre d’ Anthéa, sa « résidence de coeur » grâce à la confiance de Daniel Benoin, la compagnie Eugénie Andrin s’est désormais bien installée dans le paysage culturel de sa région d’origine. Une réussite qui s’explique par un travail et une réflexion constants par rapport aux évolutions de son métier mais aussi par une approche différente de la création artistique qui suscite l’intérêt des décideurs culturels : «Je me suis beaucoup investie dans le développem­ent de ma compagnie parce que j’ai besoin constammen­t de créer, d’inventer et d’avancer. Pour le reste je me laisse aussi porter par les opportunit­és en prenant beaucoup de temps pour des moments d’échanges et de rencontres qui me nourrissen­t et me portent, explique la chorégraph­e. Je m’astreins aussi à proposer une création tous les deux ans en partant d’une page blanche, ce qui stimule vraiment mon inventivit­é».

Réfléchir, innover, rencontrer en gardant sans cesse un regard sur les autres arts, tel est le credo d’Eugénie Andrin.

Sa création « Jeux » élaborée avec le pianiste Giovanni Bellucci sur des musiques de Debussy triomphe en ce moment. Cette alchimie poétique entre la danse, la musique et la vidéo se réalise pleinement dans une rencontre entre les mains du pianistes, sublimées sur un écran de tulle transparen­t et les évolutions du corps de la danseuse. Eugénie Andrin met aussi la dernière main à la chorégraph­ie qu’elle a signée sur L’histoire du Soldat de Stravinski avec le ballet de l’Opéra d’Avignon qui a été diffusée en live hier (1). Elle est également en répétition sur l’opéra Carmen mis en scène par son mari Jean-Louis Grinda les 20 et 22 novembre à l’opéra de Monte-Carlo. Un travail passionnan­t sur fond de flamenco avec la danseuse Irène Oliveira. Parce que la passion qui anime Eugénie Andrin est le moteur d’une créativité qui explore tous les registres de l’émotion à travers une expression chorégraph­ique reconnue comme étant toujours originale.

1.Rens : http://www.operagrand­avignon.fr et sur www.cieeugenie­andrin.com

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(DR) «L’histoire du Soldat» sera diffusée en direct samedi  novembre sur le site de l’opéra d’Avignon.
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