Nice-Matin (Cannes)

Attaque du train Thalys : procès d’un carnage évité

Demain, l’auteur de l’attaque du 21 août 2015 dans le Thalys, Ayoub El Khazzani, et ses trois complices présumés seront jugés à Paris. Verdict attendu le 17 décembre

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Une kalachniko­v, près de 300 munitions, plus de 150 personnes à bord de la rame. Et un probable carnage évité par l’interventi­on de passagers qui ont maîtrisé le tireur. Le procès de l’attaque déjouée du train Thalys, pilotée par le coordinate­ur des attentats du 13-Novembre, s’ouvre demain à Paris.

21 août 2015, trois mois avant les attentats du 13-Novembre. Vers 17 h 15, Ayoub El Khazzani, un Marocain de 25 ans, monte à bord du train Amsterdam-Paris en gare de Bruxelles. Une demi-heure plus tard, il sort des toilettes, torse nu, un sac rempli de munitions sur le ventre, un fusil d’assaut en bandoulièr­e. Après quelques secondes de stupeur, un passager se jette sur Ayoub El Khazzani. Un deuxième arrive à attraper sa kalachniko­v.

Des militaires américains à bord

Le Marocain sort alors un pistolet de sa ceinture, lui tire dans le dos et récupère son fusil d’assaut. Alertés

par le bruit, des militaires américains, en vacances, assis dans le wagon voisin, intervienn­ent, se jettent sur le tireur et parviennen­t à le désarmer. Ils l’assomment et le ligotent avec des cravates de passagers. Quelques semaines plus tôt,

Ayoub El Khazzani, qui avait rejoint le groupe Etat islamique en Syrie en mai 2015, était entré en Europe via la route des migrants avec Abdelhamid Abaaoud, venu piloter une cellule jihadiste en Belgique. Selon les enquêteurs, ce dernier avait pour mission de coordonner une série d’attentats préparés depuis la Syrie : l’attaque avortée contre une église de Villejuif perpétrée en avril 2015 par Sid-Ahmed Ghlam, récemment condamné à la réclusion à perpétuité, celle du Thalys, celles du 13 novembre à Paris puis celles du 22 mars 2016 à Bruxelles. Après un an et demi de silence, 130 morts à Paris et 32 à Bruxelles, Ayoub El Khazzani avait expliqué son geste en affirmant aux enquêteurs qu’Abaaoud, tué par la police dans la foulée du 13-Novembre, lui avait demandé de ne viser que les Américains, pas les civils.

Clint Eastwood entendu comme témoin

« Je ne suis pas un massacreur. Je suis un noble combattant », avait-il dit. Un argument jugé « pas sérieux » par les enquêteurs, alors qu’Abaaoud préparait à ce moment le 13-Novembre, qui ne visait que des civils. Et comment pouvait-il savoir que les Américains, venus faire du tourisme en Europe, étaient des militaires ? Ces derniers devraient assister au procès devant la cour d’assises spéciale de Paris, malgré les difficulté­s liées à la Covid. Les trois hommes avaient joué leur propre rôle dans un film réalisé par Clint Eastwood sur l’attaque en 2018. Le réalisateu­r américain devrait être entendu comme témoin par visioconfé­rence.

Le procès commence alors que doit s’achever, d’ici à la fin du mois, celui des attentats de janvier 2015, ouvert en septembre.

Bilal Chatra sera jugé aux côtés d’El Khazzani. Recruté en Turquie par Abaaoud et formé au combat en Syrie, Chatra, 19 ans à l’époque, avait joué le rôle d’éclaireur sur la route des migrants entre la Turquie à l’Allemagne. Dans le box des accusés les rejoindron­t aussi Redouane El Amrani Ezzerrifi et Mohamed Bakkali, par ailleurs logisticie­n présumé des attentats du 13-Novembre, accusés d’avoir aidé Abdelhamid Abaaoud et Ayoub El Khazzani à arriver en Europe. Le procès doit durer jusqu’au 17 décembre.

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S’il ne nie pas être monté dans le train pour commettre un attentat, El Khazzani affirme aussi avoir renoncé à l’ultime seconde, trop tard pour éviter la bagarre avec les passagers. (Photo AFP)

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