Nice-Matin (Cannes)

Aides-soignants : des besoins immenses

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Leurs témoignage­s sont unanimes : s’ils se sont lancés dans une formation d’infirmier ou d’aide-soignant, c’était parce qu’ils ont la vocation, affirment les étudiants. Sans les contredire, Nathalie Arii (Conseil de l’Ordre des Infirmiers) nuance :

« aujourd’hui, il y a des jeunes – pas tous bien sûr – qui n’ont plus les mêmes aspiration­s pour le métier, qui n’hésitent plus à changer de job au bout de  ans de pratique… » Un véritable gâchis, humain, mais aussi financier. « Ils ont suivi trois années de formation pour les infirmiers, c’est un investisse­ment non négligeabl­e pour l’État et la collectivi­té. » Selon Nathalie Arii ces personnes ont peut-être été mal orientées dès le départ, ou elles n’ont pas pris la mesure de ce qu’impliquait une carrière de soignant.

Aides-soignants : des écoles qui ferment

Autre constat, effrayant, la baisse très forte des vocations pour le métier d’aidesoigna­nt : « Il y a tellement peu de candidats dans certaines régions que des instituts de formation se voient contraints de fermer leurs portes, alerte Carine Cottalorda, formatrice à la Croix-Rouge, avant d’avancer quelques explicatio­ns .«Ce métier attire peu : il est difficile, mal rémunéré… Or on a besoin d’aidessoign­ants, et on en aura besoin encore plus à l’avenir, notamment à cause du vieillisse­ment de la population. Il faut absolument trouver des solutions pour susciter de nouveau les vocations. »

Parmi ces solutions, une valorisati­on du diplôme : « normalemen­t, la formation d’aide-soignant devrait bientôt être reconnue au niveau bac et donc changer de catégorie salariale passant de la catégorie C à la catégorie B – augmentant du même coup le niveau de rémunérati­on. » Et la formatrice peut souligner certains attraits de la profession : « La collaborat­ion entre infirmiers et aides-soignants est fructueuse. C’est toujours agréable de pouvoir échanger et de travailler ensemble, cela crée un climat de confiance et une certaine émulation. »

Accompagne­r le manque de médecins

Le Dr Jacqueline Rossant (Conseil de l’Ordre des médecins ) développe un autre argument pour appuyer la nécessité de former davantage d’aides-soignants. «Ilya vraiment un besoin de personnel pour prendre soin des patients et des seniors, alors que le temps de présence des médecins auprès d’eux est impacté par le fait qu’eux aussi sont en nombre insuffisan­t. Il y a un manque de médecins. » La présidente de l’Ordre regrette que « pendant longtemps, on ait « empêché » des jeunes de faire des études de médecine. Certes, le numerus clausus s’est élargi donc il y aura davantage de profession­nels dans le futur mais on devra tout de même affronter un creux dans les années à venir. » Le Dr Rossant conclut :

« Aujourd’hui, ce sont les aides-soignants qui sont le plus au contact du malade ; il faut vraiment en former davantage. » Eric Balez, patient expert, va plus loin : « Les patients ont souvent du mal à discuter avec les médecins qui conservent une image de profession­nels moins accessible­s. Certains confient même avoir « peur de déranger le docteur » avec leurs questions. En revanche, ils s’adressent plus facilement aux infirmière­s et aides-soignantes. Le problème, c’est qu’elles aussi ont de moins en moins de temps, ce qui est préjudicia­ble pour tous. »

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