Une marque qui surfe sur la vague verte
Le Varois William Wustenberg et ses associés ont lancé Jonsen Island, une marque de surfwear atypique privilégiant les circuits courts. Un label à la fois beau et écoresponsable.
Tout est parti d’une vague, sur le spot de Jail Break, aux Maldives. D’une vague parfaite. Déroulant ses formes limpides sous les fenêtres à barreaux, silencieuses, de la prison de Maafushi. L’esprit vagabond, William Wustenberg a défié cette droite avec ses compagnons de boatrip. Insouciants. Jusqu’au coucher du soleil. Clap de fin de la session à rouleaux et prémices à la galère du soir...
Plus de capitaine à l’horizon endormi. Plus de vedette. Synonyme d’évasion. « On a donc ramé en direction de la plage. »
Des murs. Hauts. Des miradors. Hostiles !
« Et là, on a vu débarquer des gardiens armés. Ils nous hurlaient dessus. Nous repoussaient vers l’eau. C’était flippant... »
Mais les infortunés ont dû s’exécuter. S’enfoncer dans la noirceur de l’inconnu. À plat. Bien à plat sur les surfs. À l’heure où chassent les squales. « Il y avait un peu de tension.
Heureusement, au bout de 2 h 30, on a retrouvé le bateau au large. »
Et à l’instant de grimper à bord, un poulpe en goguette est venu épouser tendrement la gambette de l’un des naufragés. Un détail épique de leur journal de bord. Pensaient-ils alors... Car plus personne n’en a reparlé. Même après deux, trois mousses. Des rires et des rêves de jeunes mecs. Libres à l’aurore. « Ce soir-là, on s’est plutôt mis à délirer sur un projet de maillot de bain. Surtout que Thomas Cantoni était déjà designer pour des marques connues », raconte
William Wustenberg.
L’octopus en vedette
Il n’y aura pourtant pas de lendemain à ce petit délire. Jusqu’à une trouvaille. En 2008, à Oceanside, en Californie du sud. Un clin d’oeil du destin. Un signe... « Au fond d’un atelier de shape, Thomas est tombé sur une vieille planche. Dessus, il y avait un sticker usé, représentant une pieuvre, avec marqué :
Jonsen Factory, Tailor suftrunk, 1973 California », poursuit le président du Lec surf club à Saint-Cyr. Bizarre. Comme c’est bizarre. Jonsen est, en effet, le nom de jeune fille de la mère de Thomas. Lequel rentre en France fissa et entreprend Will. « L’idée des shorts de bain, tu te souviens aux Maldives, il faut foncer ! » 2009, ni une ni deux, la marque Jonsen Island est déposée. Cantoni déploie ses tentacules. Planche sur le logo avec en
‘‘ vedette l’octopus. Dans la foulée, quelques prototypes de tee-shirts sont sérigraphiés de manière confidentielle. William en écoule au club, à des élèves, à des potes... lesquels le relancent et l’invitent à diversifier la gamme. « Sauf que le textile, c’est un métier, pointe William. On s’est parfois fait arnarquer. Mais on a persévéré. »
Jusqu’à s’engouffrer dans le tube parfait. Avec l’investissement de Nicolas Grasset et Serge Bordonaro – respectivement expert en communication et styliste (on lui doit la marque Kulte) –, Jonsen Island se structure. Se professionnalise. Décolle même. Le fameux maillot de bain sort enfin des abysses. Et non des antipodes puisqu’il est confectionné dans l’un des derniers ateliers de Marseille.
« C’est une fierté. Surtout que nos produits sont réalisés de manière artisanale. En privilégiant des filières de fabrication propres et traçables », précise William. Preuve à l’appui en nous faisant toucher son short noir, « quasiment indestructible. Et il faut savoir que chaque pièce est numérotée. Pour les tee-shirts et sweats, on a en revanche un partenariat avec un fabricant au Portugal. Ses productions sont sur des bases de coton bio... »
Une évidence pour ces amoureux de la nature, des mers et océans. Pour ces quatre mousquetaires, speed, embarqués dans l’aventure d’une courte vie. En partant de rien. D’une simple campagne de financement participatif.
« Avec les 35 000 euros récoltés, on a lancé notre gamme. Depuis, on grossit. On se développe. Toujours avec le souci de la qualité et de sortir des sentiers battus. Mais on a tous un job à côté, donc ce n’est pas évident... » Il n’empêche que la petite marque française – avec l’accent varois – s’inscrit peu à peu dans le paysage encombré du vêtement. Se démarque et se remarque aux quatre coins du globe avec notamment son ambassadeur marseillais, Edouard Delpero, surfeur professionnel.
« On a fait beaucoup d’erreurs, glisse enfin William. Mais on a su rebondir et, aujourd’hui, on craint dégun ! » Pas même un poulpe...
On privilégie les filières de fabrication propres et traçables”