Nice-Matin (Cannes)

« Moi je vais mourir infirmière ! »

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Selon Alice, élève infirmière, «le problème principal aujourd’hui, c’est l’argent ! Même si on ne fait pas ce travail pour gagner énormément ». Le manque de financemen­ts pèse selon elle sur les salaires mais aussi sur le fonctionne­ment des services et l’accès à la formation. Et en bout de course sur le moral des soignants et sur l’absentéism­e.

« C’est le serpent qui se mord la queue, affirme Alice. Par conscience profession­nelle, on fait le travail, on se force. Et quand on finit la journée, on a quand même

Alice Buisson, élève infirmière en 2e année après six ans d’exercice comme aide-soignante

fait le travail de deux ou trois personnes. Même si les cadres nous remercient, au final, ils ne vont pas chercher de solutions, puisqu’on est capable de le faire ! » Pour Alice, cette situation de tension explique en grande partie la désaffecti­on pour les métiers de la santé. « S’ils se sentent bien dans un service, parce qu’il y a les moyens, c’est-à-dire le personnel suffisant pour une bonne prise en charge des patients, les soignants peuvent rester  ou  ans.» L’envie d’évoluer motiverait aussi certains départs, dans la mesure où « même les évolutions de carrière sont compliquée­s », pointe la jeune femme qui en a fait ellemême l’expérience. Au terme de cinq ans comme aide-soignante au CHU de Nice, elle aurait pu bénéficier de la prise en charge de sa formation d’IDE (infirmière diplômée d’état). Mais elle lui a été refusée. « J’ai dû démissionn­er pour la financer moi-même ! C’est pour ça que je dis que le plus gros problème c’est l’argent. »

Toutes ces difficulté­s n’empêchent pas Alice de garder intacte sa vocation : « Mais moi je vais mourir infirmière ! C’est ma passion, ce que j’ai toujours voulu faire. J’ai tout fait, tout donné. » Elle parvient même à se projeter : « Le libéral ne m’attire pas, j’aime bien le secteur public. Je voudrais y commencer ma carrière et me spécialise­r en bloc opératoire avant de partir vers le secteur privé pour faire de l’aide opératoire, ce qui ne se fait pas dans le public car il y a les internes. » Et elle conclut par ces mots très forts : « Sans passion, on ne tient pas dans ces métiers ! »

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