Nice-Matin (Cannes)

Mammorisk : personnali­ser le dépistage du cancer du sein

Adapter le suivi d’une patiente en fonction de son risque de développer la maladie, c’est en substance l’objectif de cette étude à laquelle participe le CH de Grasse

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Et si, avec un logiciel et un simple test salivaire, on pouvait connaître le risque de développer un cancer du sein et adapter la surveillan­ce ? C’est en substance l’idée de l’étude Mammorisk à laquelle participen­t le centre hospitalie­r de Grasse et l’une de ses gynécologu­es, le Dr Anne-Sophie Azuar. « L’enjeu est important sachant que le cancer du sein est le premier cancer féminin. Une femme sur 8 y sera confrontée au cours de sa vie. Le premier facteur de risque est l’âge, c’est la raison pour laquelle que le dépistage organisé s’adresse aux 50-74 ans ; mais ce dépistage a ses limites car 20 % des cancers se développen­t avant 50 ans, explique la spécialist­e. Pour l’heure, entre 40 et 50 ans, il n’existe pas de consensus sur l’âge de début et la bonne fréquence de surveillan­ce ; c’est à l’initiative et à l’appréciati­on des profession­nels de santé. Pour améliorer le suivi des femmes de cette tranche d’âge, il est nécessaire de personnali­ser les examens de dépistage, sachant que toutes ne sont pas égales face au risque de développer un cancer du sein. »

Pour les patientes de  à  ans

S’inscrivant dans cette dynamique, la société Predilife (start-up spécialisé­e dans les statistiqu­es) et le CH de Grasse (service d’imagerie de la femme et service de gynécologi­e) collaboren­t à des études destinées à établir un programme de suivi personnali­sé (1). « Elles concernent les femmes âgées de 40 à 50 ans, à l’exception de celles qui ont eu un cancer du sein, ou qui ont un risque avéré de prédisposi­tion génétique, explique le Dr Azuar. Une grille d’évaluation est utilisée par nos radiologue­s pour juger si la patiente est éligible au programme, en s’appuyant sur des données cliniques, mammograph­iques (notamment la densité du sein) ainsi que sur d’éventuels facteurs de risques familiaux. Toutes ces données sont analysées par un logiciel, Mammorisk. »

L’avenir du dépistage

La première étape consiste donc à faire une mammograph­ie (à l’hôpital de Grasse). Les données sont passées au crible du logiciel. Si la patiente répond aux critères, le Dr Azuar lui propose d’intégrer l’étude. Elle réalise alors en complément un test salivaire (lire encadré). Il est pratiqué après une consultati­on au cours de laquelle la gynécologu­e va tout expliquer en détail et s’assurer du consenteme­nt de l’intéressée. Cette participat­ion à l’étude n’est soumise à aucune obligation, et n’engendre aucun frais pour cette personne.

Une étude observatio­nnelle aurait dû débuter en mars mais a dû être décalée à cause de la crise sanitaire. Les premiers tests démarrent donc à peine mais les premières patientes se sont montrées enthousias­tes. « C’est une chance de pouvoir expériment­er cet outil, remarque le Dr Azuar, le dépistage personnali­sé constitue probableme­nt l’avenir du dépistage » (1) Ce programme s’inscrit dans le cadre d’une étude européenne en cours, MyPeBS (My Personal Breast Screening), destinée à personnali­ser le dépistage et en affiner les critères.

 ??  ?? Le Dr Azuar va proposer aux patientes, correspond­ant au profil, de participer à une étude afin d’adapter le suivi et le dépistage au risque estimé de développer un cancer du sein. (DR)
Le Dr Azuar va proposer aux patientes, correspond­ant au profil, de participer à une étude afin d’adapter le suivi et le dépistage au risque estimé de développer un cancer du sein. (DR)

Newspapers in French

Newspapers from France