Cimetières emportés : où va-t-on enterrer les morts ?
Un mois après la tempête Alex, la récente célébration des Défunts a rajouté à la douleur des familles, dont les sépultures ont été emportées dans les cimetières de Saint-Dalmas de Tende et Saint-Martin-Vésubie. Des chiffres abominables : 200 cercueils partis dans les flots pour l’une, 160 pour l’autre.
À la question « comment faire pour que les morts reposent à nouveau en paix ? » (nos éditions du 9 novembre) Xavier Pelletier, préfet délégué à la reconstruction des vallées, a répondu par une double implication. Celle des maires et de la population, via une consultation citoyenne.
À Saint-Dalmas, la plaie encore ouverte
« On est encore dans l’urgence, on est enclavés comme des rats en cage, la plaie est encore ouverte. Il est beaucoup trop tôt pour projeter quoi que ce soit pour le cimetière de Saint-Dalmas, presque totalement détruit ».
Entre deux réunions d’urgence, Jean-Pierre Vassalo lâche un terrible décompte. «La crue de la Roya a emporté 200 corps, on en a retrouvé 9 et identifié 7. Les 80 « tiroirs » ont tous été arrachés. Sur 35 caveaux de famille, il en reste 17, et 25 sépultures en terre sur 152. On n’a pas eu de décès depuis mais si besoin, on peut inhumer à Tende, où le cimetière est intact. En moyenne on compte une quarantaine de décès par an ».
À Saint-Dalmas, impossible de savoir pour l’instant ce que deviendra le cimetière dont le portail donne sur le vide… « Reconstruire, c’est un projet. Les futures zones inondables sont à l’étude avec la préfecture. On ne sait pas si on pourra réhabiliter, ou même si on peut faire des murs de soutènement pour protéger ce qui reste… » Une certitude pour le maire : «Il ne faut pas aller trop vite. La décision sera prise avec les 500 habitants de Saint-Dalmas. Ici, on se parle. J’ai demandé à la population de dire ce qu’elle souhaite comme mémorial. Peut-être un monument en pierre verte du hameau. »
À Saint-Martin, bâtir en continuité de l’ancien cimetière
À Saint-Martin-Vésubie, sur les 93 caveaux du cimetière, seuls 7 sont restés en place. Les flots ont emporté 160 cercueils dont deux seulement ont été retrouvés intacts. « Peu à peu les ossements retrouvés sont remis à l’hôpital du village, puis transférés à Nice pour identification ADN à l’Institut médico légal », résume pudiquement Ivan Mottet. Le nouveau maire salue le SMIAGE(1), qui a sécurisé les tombes restantes il y a quelques jours. « Avec la préfecture, nous envisageons un nouveau cimetière en continuité de l’ancien, si nous trouvons un accord avec les propriétaires de jardins. En attendant, nous pouvons bâtir quelques cellules dans l’ancien. L’institut médico-légal accepte de garder les corps pendant ce temps. Nous pensons aux familles… »
Reste une question pour l’instant sans réponse : quid, légalement, des concessions à perpétuité disparues ? Les solutions sont à l’étude. 1. Syndicat mixte pour les inondations, l’aménagement et la gestion de l’eau maralpin.