Masques : communiquer, en toute transparence...
Instituteurs des écoles, agents d’accueil municipaux... Plus de 300 masques « inclusifs » ont été distribués pour faciliter les échanges avec les personnes malentendantes, sourdes et/ou muettes
Je n’ai pas compris ; vous pouvez répéter ? » Dans les commerces, dans la rue, au bureau, ça nous est arrivé à tous au moins une fois depuis le début de la pandémie : ce masque qui barre le visage, étouffe le son de la voix, efface le mouvement des lèvres et empêche d’appréhender clairement notre interlocuteur. Maintenant, mettez-vous à la place des malentendants, sourds et/ou muets et imaginez le calvaire... Un frein supplémentaire à la communication que la mairie de Cannes tente d’amenuiser en se dotant de masques inclusifs transparents. « Le maintien et la facilitation du lien social sont essentiels, exprime le 1er magistrat, David
Lisnard. Les malentendants et sourdsmuets ne doivent pas pâtir des obligations sanitaires actuelles. » Ainsi, 460 masques ont été commandés – et 323 déjà distribués – à une entreprise française adaptée [lire plus loin] – aux agents d’accueil municipaux. « Culture, urbanisme, logement, hygiène-santé, état civil..., liste la directrice générale adjointe (1), Dominique Aude-Lasset. Ils n’ont pas vocation à être portés en permanence, mais lors des échanges avec des personnes ayant ce type de handicap. »
Le sourire d’Ethan
Dans les services donc, mais aussi dans les écoles accueillant des enfants – voire des membres du personnel – malentendants, sourds et/ou muets. Pour l’heure, deux sites ont été livrés, dont l’école maternelle Bocca centre. Accompagnée de Cassandra Pasciutti, responsable animation, qui porte le masque inclusif depuis quelques jours, Ethan, 5 ans et demi, se réjouit : « Murielle [sa maîtresse] en a un aussi. Je comprends mieux quand elles parlent ; et je peux voir le sourire, aussi » explique le pitchoun, qui vient juste d’engloutir sa clémentine. « Il a un implant auditif et pas de problème de compréhension majeur [Ethan est malentendant], explique-t-elle. Mais, dans la cantine ou dans la cour, quand il y a du brouhaha, parfois il n’entend pas, il faut être très proche pour lui parler. Là, ça permet de l’inclure plus facilement dans les activités. Le reposer aussi, ça lui demande moins une concentration permanente. Puis, il y a les expressions du visage. »
Un dernier constat, valable pour les 167 autres enfants de l’école. « Ils sont, pour les plus petits notamment [3 ans] à l’âge de la découverte des adultes, séparés de leurs parents. Voir des gens masqués, sans expressions, c’est un peu dur. Un sourire, ça fait toujours du bien. »
Une commande de nouvelles pièces prévue
Directrice de l’école, Eugénie Saury abonde : « C’est une bonne chose pour les enseignants, les enfants aussi. Il est nécessaire de prendre en compte le handicap ; plus largement, à la maternelle et jusqu’à l’apprentissage de la lecture,
ce type de masque me semble indispensable. » Dans les semaines à venir, la Ville prévoit ainsi de se doter de 5 000 nouvelles pièces, pour permettre aux utilisateurs un renouvellement régulier.