Nice-Matin (Cannes)

Le Domaine Peyrassol en croisade contre la taxe Trump

L’ancienne Commanderi­e des Templiers qui compte 90 ha de vignes à Flassans a trouvé comment contourner la taxe en envoyant son vin en vrac aux États-Unis pour y être embouteill­é

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Avec l’élection présidenti­elle américaine et l’annonce de la victoire du démocrate Joe Biden, la taxe Trump de 25 % sur les vins français sera-t-elle levée ? Entrée en vigueur en octobre 2019, elle aurait causé un préjudice estimé à 500 M€ aux producteur­s et négociants de vins tricolores. Au Domaine de Peyrassol à Flassans, la direction a trouvé une solution alternativ­e. Avec 60 % des ventes faites à l'export dont plus de la moitié vers les Etats-Unis, Peyrassol a tout simplement eu la bonne idée d'embouteill­er sa production de rosé outre-Atlantique plutôt qu'à domicile pour contourner cette taxe qui ne s'applique qu'aux bouteilles de moins d'1,5 litre.

Le vignoble a utilisé le flexitank contener, une poche en plastique flexible, hermétique à l'air, placée dans un conteneur pour camion, à l'image d'un gros bag-in-box, dans laquelle Peyrassol a versé 250 hectolitre­s (soit 25 tonnes) de son rosé, assemblé au préalable dans son chai. Direction ensuite les ÉtatsUnis, par la mer, jusqu'à réception chez un vigneron américain pour l'embouteill­age.

Une démarche semée d’embûches...

« Cette année a été assez particuliè­re pour nous puisque nous avons mis en bouteille nos vins rosés de saison aux Etats-Unis, raconte Alban Cacaret, le directeur de la Commanderi­e de Peyrassol. Nous avons trouvé un vigneron américain qui fait de la prestation de services pour le compte d'autres personnes. C'est une réflexion que nous avions eue il y a déjà quelques années et tous les événements économique­s nous ont poussés à le faire. On envoie le vin en conteneur et en grande quantité, sans contact avec l'air, avec une certaine pression qui l'empêche de bouger. Il est ensuite déchargé dans les cuves là-bas et nous avons pu vérifier que la qualité des vins en vrac en France et aux Etats-Unis était vraiment très proche, contrairem­ent à la bouteille. Cette démarche a pris plusieurs mois. »

Il a fallu de nombreux allers-retours en fin d'année 2019 « pour faire partir les vins ». En février, à quelques jours du confinemen­t, le maître de chai est allé passer quatre jours chez le vigneron américain pour s'assurer de la bonne marche de l'embouteill­age. Une opération délicate à laquelle se sont ajoutées bien des difficulté­s. « Le conteneur devait partir du port de Marseille mais à cause des grèves des dockers, il a finalement été acheminé d'abord à Barcelone puis dérouté vers Valence

à cause d’une tempête en Méditerran­ée. Arrivé à New York, le conteneur a été redirigé à 100 km de là, vers les Hamptons, chez ce vigneron américain. Il y a quelques petits vignobles là-bas pas très connus mais c'est aussi ça qui nous a confortés dans notre choix, ainsi que la rencontre avec ce profession­nel. »

Une solution rentable

Si le coût a été plus élevé surtout en raison de l'externalis­ation de l'embouteill­age (les frais de transport que ce soit pour les bouteilles ou le vrac étant les mêmes), la solution s'est montrée rentable selon Alban Cacaret qui n'a pas communiqué de chiffres. « C'était plus cher d'embouteill­er là-bas mais pas au même niveau que les taxes. » D'autres viticulteu­rs varois ont-ils eu la même idée ? « Il semble que d'autres l'ont fait mais pas comme

 ??  ?? Alban Cacaret, qui dirige la Commanderi­e de Peyrassol depuis  aux côtés de son oncle Philippe Austruy, a utilisé un flexitank contener et trouvé un vigneron dans l’État de New York pour procéder à l’embouteill­age des rosés de saison du domaine aux États-Unis.(D.R.)
Alban Cacaret, qui dirige la Commanderi­e de Peyrassol depuis  aux côtés de son oncle Philippe Austruy, a utilisé un flexitank contener et trouvé un vigneron dans l’État de New York pour procéder à l’embouteill­age des rosés de saison du domaine aux États-Unis.(D.R.)

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