Nice-Matin (Cannes)

COVID-19 : À QUILE TOUR?

La Fête du mimosa de Mandelieu pourrait être annulée Carnaval et Fête du Citron menacés

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

Carnaval 2021 aura-t-il lieu ? Normalemen­t prévu du 13 au 27 février de l’année prochaine, le carnaval de Nice qui devait parader sur le thème du Roi des animaux, risque fort de baisser le masque. Battu, vaincu par le masque étendard de la crise sanitaire.

La grande inconnue

Que sait-on ? Où en est-on ? Pour l’instant, c’est toujours la grande inconnue sur la tenue ou l’annulation de la manifestat­ion, déjà amputée l’année dernière d’une bataille de fleurs pour cause de vent violent et de son ultime week-end festif, déjà impacté par le virus. À l’époque, le maire avait renoncé à ces deux jours de liesse par crainte de propagatio­n du coronaviru­s. On en est loin hélas ! Depuis février 2020, en effet, le virus a fait des ravages. Sur les gens et sur les événements. Et on voit mal comment un raout qui réunit entre 10 et 15 000 spectateur­s par sortie carnavales­que ou bataille de fleurs, pourrait se tenir. En limitant la jauge du public ? En respectant les règles de distanciat­ion ? En neutralisa­nt des dizaines et des dizaines des quelque 8 000 sièges des tribunes de la place Masséna ? Impensable. Voire ridicule. À quoi bon faire la fête dans de telles conditions, si on ne peut ni se regrouper, ni se toucher, ni batailler à coups de confettis ?

Les carnavalie­rs tournent en rond

Quoi qu’il en soit, pour l’instant, on nage dans l’expectativ­e. A la halle Spada, où se fabrique désormais une grosse partie du barnum, on tourne en rond. « On n’a encore rien fait », résume Gilles Povigna. Des années meilleures, le carnavalie­r, son frère Pierre et son père Jean-Pierre, en ont connu. Ce n’est pas difficile. «Là, poursuit le maître artisan, on n’est pas notifié. Cela veut dire qu’on a répondu aux appels d’offres mais qu’on ne sait toujours pas si on a des chars ou pas. On ne nous a rien dit. »

Un silence qui ne sent pas bon, sachant tout de même qu’il y a dix-sept chars à construire, et même s’ils ont l’habitude de travailler dans l’urgence, à cette époque de l’année, les artistes de la fête à la niçoise savent déjà quelles sont leurs attributio­ns officielle­s, ce qui leur permet de s’organiser pour les achats de fourniture et l’embauche de personnel.

Cette même incertitud­e plane sur le moral de Cédric Pignataro, également carnavalie­r de père en fils. « On est toujours dans l’attente. On a déposé nos dossiers d’appels d’offres en août, on a eu depuis, une seule réunion, où on nous a dit de ne pas nous inquiéter, mais après, plus rien. »

Recettes de substituti­on

Au cours de cette réunion qui date de près de deux mois, des « recettes » avaient été évoquées, comme celle de « construire un carnaval statique, fait de sculptures posées sur la promenade du Paillon, ce qui nous aurait octroyé un budget de fabricatio­n, mais à ce jour, même ça, c’est en stand-by. »

Chiffre d’affaires en chute

Attendre... Chacun vit comme il peut. «On a un peu de travail à côté », concède-t-on chez les Povigna, qui ont tout de même dû faire l’impasse sur le marché de Noël de Monaco, rayé de l’agenda lui aussi pour cause pandémique. Vitesse de croisière également chez Cédric Pignataro : « Je réalise des sculptures pour des particulie­rs, je peux ainsi garder mes 4 salariés, mais mon chiffre d’affaires est divisé par 5 ou 6. L’intérêt de carnaval est d’avoir de la trésorerie. »

Préparer pour  ?

Suggestion du carnavalie­r : « On pourrait nous commander carnaval, on le ferait, mais pour 2022. On aurait ainsi le budget normal pour le corso de 2021 et un an pour trouver d’autres clients et rebondir ailleurs. » Alors, carnaval or not carnaval dans trois mois ? Nous avons posé la question à Rudy Salles. L’ex-adjoint au tourisme, président délégué et vice-président de l’Office ce tourisme métropolit­ain, qui a gardé la haute main sur la manifestat­ion burlesque, affirme ne pas avoir la réponse pour l’instant : « Le maire évoque actuelleme­nt toutes les hypothèses possibles : reporter, annuler, annuler en gardant le même thème pour la prochaine édition carnavales­que, carnaval statique ? Pour le moment aucune solution satisfaisa­nte ne se dessine. »

Dunkerque et Rio à la trappe

Mais lorsqu’on sait que le Salon de l’agricultur­e est passé à la trappe, que les carnavals de Dunkerque et de Rio ont été annulés, on voit mal comment le carnaval de Nice qui, l’an dernier, en dépit de trois sorties en moins, a totalisé 155 128 entrées (16,4 % de mieux qu’en 2019), pourrait se tenir dans sa version originelle. Donc, en février, on risque de porter le masque, mais pas celui qui fait rire...

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