Trente millions de retombées qui partiraient en fumée
En chiffres, le carnaval de Nice c’est 1 800 emplois directs gravitant autour de la manifestation, dont une quarantaine de troupes artistiques nationales et internationales, des ymagiers qui dessinent les maquettes des chars, des fleuristes locaux, des costumières, des vacataires (agents d’information, filtrage, accueil...).
L’image de marque de la région
Le budget global affecté au carnaval tourne autour de 5 millions d’euros. Il n’a jamais été compensé par les recettes en billetterie, toujours déficitaires, avoisinant 1,8 million/2 millions euros les bonnes années. Mais la comptabilité retrouve un certain équilibre grâce aux retombées économiques de la fête : 30 millions d’euros, plus une publicité gratuite durant quinze jours au service de Nice et de la Côte d’Azur. Si malheureusement, on devait faire une croix sur le roi et sa clique, toute cette manne, toute cette image positive pour la destination vont prendre un méchant coup dans l’aile.
Pire : l’hôtellerie sera sinistrée. Car au-delà de l’amusement et du super show, « Carnaval permet de remplir les hôtels, principalement les 2, 3 et 4 étoiles et les restaurants à un moment calme de l’année, rappelle Denis Cippolini, président de la Fédération hôtellerie-restauration tourisme Nice Côte d’Azur. Sur cette période, carnaval amène 10 à 15 % de plus en taux d’occupation, ce qui rebooste nos trésoreries et facilite le passage de ce temps creux. » C’est aussi toute une synergie imbriquant plusieurs manifestations : « Il y a le carnaval à Nice, la fête des citrons à Menton, celle du mimosa à Mandelieu-La Napoule. À travers ces rendez-vous, les groupes en profitent pour visiter la région : Monaco, les parfumeries grassoises, Cannes...»
Soit trois week-ends irrigués par une partie des 30 millions de retombées économiques.
Quelle urgence privilégier ?
Là, c’est mal parti. En outre le contexte actuel n’est guère propice au remplissage : «À cause de la crise sanitaire, on ne sait toujours pas quand nous pourrons rouvrir nos établissements, rajoute le porteparole des hôteliers. Nous vivons un effet yoyo très préjudiciable pour nos métiers. On est les premiers à fermer et les derniers à rouvrir et personne ne peut nous dire quand nous pourrons de nouveau travailler. Nous sommes la variable d’ajustement. Doit-on privilégier l’urgence sanitaire ou l’urgence économique ? Quand notre Premier ministre dit qu’il faut embaucher des saisonniers (c’est aussi le cas pour carnaval), quitte à les mettre en chômage partiel, ce qui implique 120 000 emplois, qui va financer leurs congés payés ? Nous...» CH.R.