Nice-Matin (Cannes)

Valérie, infirmière à Grasse : « dès le début des applaudiss­ements »

- MAXIME ROVELLO

S’il y a un mot pour qualifier la carrière de Valérie Créniaut, c’est la fidélité. L’an prochain, elle fêtera ses 30 ans de service là où elle a débuté, au centre hospitalie­r de Grasse. Mais au fil des années, cette infirmière en SSR (Soins de suite et de réadaptati­on) gériatriqu­e polypathol­ogique a vu un autre mot occuper son quotidien : contrainte. Un mot si imposant aujourd’hui qu’il fait craindre à cette infirmière la disparitio­n du sentiment d’appartenan­ce que générait la fonction publique hospitaliè­re.

Sur la seconde vague

« Elle est arrivée ici avec un peu de retard donc nous avons pu profiter de l’expérience des autres régions plus touchées. L’hôpital est très impliqué et on a été très bien préparé. Au quotidien, le travail est plus pénible. Garder le masque est assez pénible, surtout avec des personnes âgées qui ont des troubles cognitifs. Il perturbe l’entrée en communicat­ion. »

■ Sur le soutien populaire

« Les applaudiss­ements à 20 heures au balcon m’ont agacé dès le début. Ça fait des années qu’on se bat contre les fermetures de lits, les régression­s de personnel… à l’époque on nous disait : “Vous prenez en otage”, et là, on nous fait passer pour des héros alors qu’on fait juste notre travail. La société a la mémoire courte. Nous ne voulions pas des applaudiss­ements mais une reconnaiss­ance salariale. »

■ Le métier aujourd’hui

« Il y a des stagiaires ici mais qui ne resteront pas à l’hôpital après. Des gens comme moi qui font toute leur carrière à l’hôpital, ça n’existe presque plus. La cohésion d’équipe, le sentiment d’appartenan­ce… tout ça a été détruit. Dès lors que nous ne sommes pas assez, que l’on fait de l’enchaîneme­nt de soins et qu’on n’est plus dans l’humain, on perd le sens de ce métier. »

Le Ségur de la santé

« Des belles annonces mais rien de concret si ce n’est 180 euros d’augmentati­on de salaire. La dégradatio­n du métier me fait peur. Il faut moins d’injustice comme la prime « Grand âge » qui s’applique aux aides-soignants et pas aux infirmière­s. Il faut surtout revoir la qualité de vie au travail et recréer la vocation. »

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Valérie Créniaut est infirmière au centre hospitalie­r de Grasse depuis bientôt  ans. (Photo Dylan Meiffret)
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(Photo archives AFP) Ce n’est plus le temps de les applaudir mais de soutenir les soignants qui sont de retour dans la rue.

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