Valérie, infirmière à Grasse : « dès le début des applaudissements »
S’il y a un mot pour qualifier la carrière de Valérie Créniaut, c’est la fidélité. L’an prochain, elle fêtera ses 30 ans de service là où elle a débuté, au centre hospitalier de Grasse. Mais au fil des années, cette infirmière en SSR (Soins de suite et de réadaptation) gériatrique polypathologique a vu un autre mot occuper son quotidien : contrainte. Un mot si imposant aujourd’hui qu’il fait craindre à cette infirmière la disparition du sentiment d’appartenance que générait la fonction publique hospitalière.
Sur la seconde vague
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« Elle est arrivée ici avec un peu de retard donc nous avons pu profiter de l’expérience des autres régions plus touchées. L’hôpital est très impliqué et on a été très bien préparé. Au quotidien, le travail est plus pénible. Garder le masque est assez pénible, surtout avec des personnes âgées qui ont des troubles cognitifs. Il perturbe l’entrée en communication. »
■ Sur le soutien populaire
« Les applaudissements à 20 heures au balcon m’ont agacé dès le début. Ça fait des années qu’on se bat contre les fermetures de lits, les régressions de personnel… à l’époque on nous disait : “Vous prenez en otage”, et là, on nous fait passer pour des héros alors qu’on fait juste notre travail. La société a la mémoire courte. Nous ne voulions pas des applaudissements mais une reconnaissance salariale. »
■ Le métier aujourd’hui
« Il y a des stagiaires ici mais qui ne resteront pas à l’hôpital après. Des gens comme moi qui font toute leur carrière à l’hôpital, ça n’existe presque plus. La cohésion d’équipe, le sentiment d’appartenance… tout ça a été détruit. Dès lors que nous ne sommes pas assez, que l’on fait de l’enchaînement de soins et qu’on n’est plus dans l’humain, on perd le sens de ce métier. »
Le Ségur de la santé
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« Des belles annonces mais rien de concret si ce n’est 180 euros d’augmentation de salaire. La dégradation du métier me fait peur. Il faut moins d’injustice comme la prime « Grand âge » qui s’applique aux aides-soignants et pas aux infirmières. Il faut surtout revoir la qualité de vie au travail et recréer la vocation. »