Nice-Matin (Cannes)

Metallica S&M, concert .

Enregistré en septembre 2019, le concert entre le groupe de heavy metal et l’orchestre philharmon­ique de San Francisco est disponible sur Canal +

- MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr

Alors qu’il semble difficile de savoir quand on pourra traîner de nouveau nos guêtres dans la fosse d’un concert, il est de bon ton de se souvenir à quel point une prestation live a quelque chose de jouissif. Surtout quand le concept sort de l’ordinaire.

C’est le cas du show S&M2 de Metallica, disponible à la demande sur Canal +.

Enregistré les 6 et 8 septembre 2019 au Chase Center de San Francisco, ce concert rassemble deux mondes que tout oppose : le groupe iconique de heavy metal Metallica (originaire de la baie) et l’orchestre philharmon­ique de la ville dirigé par Edwin Outwater. Ce concert atypique, qui avait aussi pour but d’inaugurer la nouvelle sale du Chase Center, s’inscrit dans la lignée du concert mythique des 21 et 22 avril 1999 entre le groupe de heavy metal et l’orchestre philharmon­ique de San Francisco dirigé alors par Michael Kamen et enregistré au Berkeley

Community Theater.

Un live sur lequel Metallica s’était appuyé pour sortir son double album S&M (pour Symphoniqu­e et Metallica et non pour autre chose, hein).

Un disque unique dans la discograph­ie XXL d’un groupe qui a déjà vendu plus de 200 millions d’albums et qui avait été couronné d’un Grammy à l’époque. Vingt ans plus tard, le quatuor (James Hetfield, Lars Ulrich, Kirk Hammett et Robert Trujillo) a remis ça, avec une tracklist forcément différente puisque le groupe a sorti trois albums depuis le concert de 1999.

Tracklist évoluée

S&M2 a fait son apparition dans les bacs à la fin du mois d’août 2020 et, dans la foulée, Metallica a relâché la bête : la captation du concert, filmé par Wayne Isham, le même que pour S&M. La prouesse musicale reste la même : faire cohabiter quatre purs metalleux avec quatre-vingts musiciens plutôt habitués à jouer du Mozart et du Bach que du heavy metal.

Vingt ans plus tard, la tracklist a évolué même si on retrouve des classiques comme Enter Sandman, Wherever I May Roam, One et, bien entendu, l’introducti­on iconique du groupe sur The Ecstasy of Gold d’Ennio Morricone utilisée dans Le Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone.

Au-delà des grands classiques du groupe, on va retrouver des titres plus récents comme The Day That Never Comes et All Within My Hands.

Durant 2 h 30 (22 morceaux), le groupe confirme sa sensibilit­é musicale notamment héritée de Cliff Burton, le premier bassiste du groupe décédé en 1986 et dont l’appétence pour l’univers de la musique classique n’était pas feinte.

Plongée au coeur du groupe

Réussir à trouver des arrangemen­ts musicaux entre des cordes classiques et les riffs puissants et lourds de Metallica n’est pas une mince affaire. Comme en 1999, l’harmonie est immédiate. Les deux groupes prennent un immense plaisir à jouer ensemble et ça se ressent à l’écran pour ce show – joué à guichets fermés – vraiment pas comme les autres.

Groupe précurseur dans de nombreux domaines, Metallica n’avait pas hésité à produire un documentai­re au début des années 2000 sur la genèse de leur album St. Anger. Une création difficile, délicate, car le groupe venait de se séparer de son bassiste Jason Newsted (qui sera remplacé par Robert Trujillo durant le tournage du documentai­re) et James Hetfield s’était retrouvé en cure de désintox pour différente­s addictions, notamment à l’alcool. Une plongée au coeur d’un groupe qui était en train de se déchirer, entre séances avec un psy et écriture d’un nouvel album. Some Kind Of Monster, le nom du documentai­re, est une première dans l’univers musical et télévisuel. Observer, au coeur, comment un groupe mythique est au bord du précipice avant de rebondir dans un processus créatif montre à quel point les caméras ont pu aider, à leur échelle, le groupe de San Francisco a remonté la pente. Filmé sans filtre, sans tabou, sans barrière, Some kind of monster est un bijou que l’on trouve assez facilement sur YouTube.

S&M2 reste donc une expérience musicale et visuelle unique à son échelle. Elle permet de savourer un concert live depuis son canapé, un show pas comme les autres non plus.

Un moindre mal en cette période de crise sanitaire.

Une drôle de Madeleine de Proust aussi.

Metallica, précurseur dans la production télévisée depuis plus de vingt ans

S & M2, disponible sur My Canal.

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