Nice-Matin (Cannes)

Deux cents personnes à Nice contre la loi de “sécurité globale”

- CÉLIA MALLECK cmalleck@nicematin.fr

Les députés ont entamé, hier, l’examen d’une kyrielle de mesures sécuritair­es portées par LREM et son allié Agir, avec la propositio­n de loi « sécurité globale ». L’encadremen­t controvers­é de la diffusion de l’image des policiers et gendarmes fait bondir les défenseurs des libertés publiques.

Des milliers de manifestan­ts

Des milliers de manifestan­ts ont protesté, hier, dans plusieurs villes, contre ce texte, dénonçant une « loi liberticid­e ».

« Etat Macron, état policier. A bas la surveillan­ce et vive la liberté », scandaient les manifestan­ts, her soir à Nice. Deux cents personnes environ se sont rassemblée­s sur la place du palais de justice de la capitale azuréenne pour dénoncer cette propositio­n.

Elle prévoit notamment la possibilit­é d’élargir les champs d’interventi­on de la police municipale et interdit, avec l’article 24, la diffusion d’images ou « tout autre élément d’identifica­tion » des policiers et gendarmes en interventi­on. Si cela porte « atteinte à leur intégrité physique et psychique », on peut encourir un an de prison et 45 000 euros d’amende.

« C’est un déni de démocratie »

« Il faut protéger le peuple ou l’Etat ? », interroge Emma B., figure du mouvement Black Lives Matter local et représenta­nte du collectif Uni.e.s a l’initiative de cette manifestat­ion.

Elle poursuit : « Les violences policières existent. Les intimidati­ons, aussi. » L’avocate Mireille Damiano a rappelé à la foule que sans image, il n’y aurait pas eu d’affaire Geneviève Legay.

L’intéressée opine du chef dans son gilet jaune arc-enciel.

« La loi examinée est un déni de démocratie et malmène la liberté d’expression, poursuit Mireille Damiano. Si on ne peut pas prendre de photos des policiers, d’autres articles prévoient, au contraire, qu’eux puissent vous filmer. Il y aura un traçage de tous les manifestan­ts. »

Une loi qui inquiète également les rapporteur­s aux droits de l’homme de l’ONU. Michel Abada, « “gilet jaune” depuis toujours », se désole. « J’ai vu les débuts de la dérive policière sous Sarkozy et ça ne fait qu’empirer. Le seul contrôle, la seule défense qu’on a c’est de filmer la police et on nous enlève ça. » Plusieurs « gilets jaunes » étaient là, pour fêter leurs deux ans. En chantant… bruyamment. Trop pour entendre les prises de parole. Si bien qu’en demandant un peu de silence, un étudiant s’est vu invectivé, insulté par un homme excité. Une agitation qui a brisé la cohésion et dissipé la manifestat­ion qui se voulait pacifique.

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(Photo Frantz Bouton) Actuelleme­nt examiné à l’assemblée nationale, ce projet de loi inquiète.

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