Nice-Matin (Cannes)

Covid : du plomb dans les ailes d’easyJet

- PROPOS RECUEILLIS PAR YANN DELANOË

Année noire pour easyJet, qui vient de présenter ses résultats et accuse une perte de 835 millions de livres sterling sur l’exercice écoulé. La première fois que la compagnie aérienne low-cost, deuxième de France et première sur l’aéroport Nice Côte d’Azur, se retrouve dans le rouge. En 2019, elle avait fait 427 millions de livres sterling de bénéfices. Mais la crise de la Covid a engendré 50 % de passagers en moins cette année pour la compagnie orange. Entretien avec Reginald Otten, directeur général adjoint easyJet pour la France.

Année noire pour la compagnie...

C’est une année difficile. On a réagi avec vigueur pour limiter l’impact de la crise sanitaire et pérenniser l’entreprise pour les années à venir. Nous avons immobilisé notre flotte pendant deux mois et demi. Nous avons pu redémarrer cet été. Nice a d’ailleurs été au coeur de notre redémarrag­e à la mi-juin. Mais cette reprise a très vite été freinée par le retour de la Covid et des mesures sanitaires de confinemen­t ou de quatorzain­e dans les différents pays européens. Nous avons dû mettre en place un programme d’économie significat­if le plus gros jamais réalisé par easyJet.

Actuelleme­nt, vous naviguez comment ?

Les restrictio­ns changent tout le temps en fonction des pics d’évolution de la Covid. On souffre d’une approche par pays, d’un manque d’harmonisat­ion au niveau européen. Qui vient freiner la demande et créer l’incertitud­e. Les lignes européenne­s ont été très impactées. La quarantain­e instaurée à l’arrivée en Angleterre a par exemple eu un impact très significat­if sur Nice.  % du marché entre Nice et Londres l’été est opéré par easyJet. Avec une dizaine de fréquences par jour en temps normal. Mais les touristes anglais, d’habitude très présents sur la Côte, ne pouvaient pas être là...

En termes de trafic, aujourd’hui, vous en êtes où ?

Nous sommes à  % de capacité actuelleme­nt car certaines lignes ne sont pas viables, les gens ne peuvent pas prendre l’avion notamment du fait de fermetures de frontières. Depuis Nice, nous ne pouvons plus opérer les vols que nous avions vers le Maroc où Israël puisque ces pays sont fermés. Or, ce sont normalemen­t des trafics importants. Nous prévoyons de voler avec  % de capacité encore sur le premier trimestre .

Quid de Nice, où vous êtes la première compagnie ?

A Nice, on continue d’opérer des vols domestique­s, vers Toulouse Paris, Lille, Bordeaux... Bientôt Nantes et Genève à nouveau, en décembre. On espère pour Noël pouvoir desservir un peu plus de destinatio­ns. Pour l’instant nous avons prévu, en plus de ceux que nous opérons encore actuelleme­nt, des vols vers

Rennes, Porto, Bruxelles Marrakech Amsterdam, Berlin, Bristol, Bâle-Mulhouse, Charlesde-Gaulle, Londres-Gatwick, Lisbonne... Des destinatio­ns “soleil d’hiver” ou régulières comme le Portugal car il y a beaucoup d’échanges entre la Côte d’Azur et le Portugal pendant les fêtes. Mais tout cela ne sera possible qu’en fonction des restrictio­ns de chaque pays.

La crise ne remet pas en question l’ancrage niçois d’easyJet ?

Nous venons de fêter nos  ans. Dans ce contexte nous n’avons pas pu le célébrer. Nice c’était la première ligne française à être opérée par easyJet ! En , ça fera  ans que nous desservons Nice. Nous espérons bien pouvoir le célébrer. Ça dépendra de ce qui va se passer... Nice est au coeur de notre réseau nous sommes la première compagnie à l’aéroport de Nice avec plus de  millions de passagers par an en temps normal. Et nous y avons notre base avec cinq avions... Cet été c’est d’ailleurs la première base qui a redémarré, à la mi-juin.

Quelles perspectiv­es ?

L’IATA (Associatio­n internatio­nale du transport aérien) estime qu’une demande telle que celle que nous avons connue en  ne reviendrai­t pas avant . On a de l’espoir parce qu’on a pu voir que dès que les destinatio­ns rouvrent, les demandes explosent. Par exemple, on l’a vu dès que les Anglais ont pu de nouveau voyager, après la levée de la quarantain­e en octobre, on a eu +  % de vente vers les Canaries depuis la Grande-Bretagne...

La Covid remet-elle en question le modèle low-cost ? Peut-on continuer par exemple à payer  euros pour un vol Nice-Palma ?

Les tarifs restent très compétitif­s. En moyenne en ce moment, nous sommes autour de  à  € l’aller simple ce sont les mêmes tarifs qu’en temps normal. On reste et on restera compétitif­s, les prix sont intéressan­ts si on veut ou plutôt si on peut voyager. La crise ne remet pas en cause ce modèle. Au contraire dans cette période difficile, les gens ont tendance à chercher les bonnes affaires, les prix abordables. Les low-cost, grâce à leur structure et à leurs prix, s’en sont toujours bien sortis dans ces moments. D’où nos espoirs.

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(DR) Reginald Otten, directeur général adjoint d’easyJet France.

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