Nice-Matin (Cannes)

Vintage la porcelaine ? Oui ! Avec Bea Yato

Elle « sauve » les vieilles assiettes en porcelaine en leur donnant une seconde vie. L’artiste qui a installé son atelier à la République expose à Paris et envoie ses créations à Hong Kong

- CHRYSTÈLE BURLOT cburlot@nicematin.fr

C’est l’histoire d’une pile d’assiettes en porcelaine qui dort dans le placard. Celle de maman ou de mamie. Qu’on ne se résout pas à jeter. Mais qui ne sort jamais de sa tanière pour autant… Démodée…

Bea Yato propose de leur donner une seconde vie. Avec ses pigments, son four, son talent, l’artiste en fait des oeuvres.

Béa Corteel, alias Yato a toujours aimé les couleurs, les pigments, l’artisanat, les tendances dans la mode. Après une formation en histoire de l’art, puis en design graphique, cette Parisienne installée à Cannes, a découvert la peinture sur porcelaine. Ce jourlà, ce fut un coup de foudre immédiat pour cette technique ancestrale et ce matériau de luxe.

Rien en stock, que des commandes

Depuis, elle ne cesse de chiner, de ramener dans son atelier du boulevard de la République ses assiettes, soupières et autres plats qu’elle customise. Ici c’est un mot, le prénom des membres d’une famille, là un oiseau, une tête de mort, le portrait d’un artiste. Et encore un Playmobil, un motif réalisé sur un ensemble d’assiettes (la Corse), une vierge, une tête de mort. « Rien en stock, tout dans la commande ». Ce qui fait que chaque pièce est unique, personnali­sée et, pour ceux qui le souhaitent, dédicacée à la plume. Bea Yato compte déjà 950 collection­s…

« En art, point de frontière… » L’artiste a fait sienne la citation de Victor Hugo. Il suffit de lui demander, de titiller son imaginatio­n, et elle crée.

« Un jour, j’ai réalisé un ensemble d’ex-voto qu’une cliente a accroché au-dessus de son lit. Un autre, ce sont des porte-bonheur… Et aussi des puzzles… »

Sa recette ? « De la porcelaine et uniquement de la porcelaine, sinon, l’assiette explose dans le four… » Des pigments, des couleurs « vitrifiabl­es », qu’elle appose sur l’assiette : « Tous font ressortir les motifs en transparen­ce. Seul le noir est occultant… »

Une finition au cure-dents pour que tout soit impeccable. Et l’assiette file au four. « Elle cuit 10 heures. Ainsi, le pigment pénètre définitive­ment la porcelaine. Ce qui signifie que le nouveau motif est presque plus éternel que l’original qui est souvent une décalcoman­ie. » Ses assiettes font fureur. Chez les particulie­rs, dans les boutiques (Mesdemoise­lles à Mougins, La P.tite frenchie shop à Valbonne) et les profession­nels. « Comme j’expose à la galerie Joyce à Paris, on remarque mon travail. J’ai deux cents assiettes qui partent pour Hong Kong, bientôt… »

La matière première dans les vide-greniers

Il y a du travail. Beaucoup avec les commandes de Noël. Bea Yato a juste une petite appréhensi­on : le confinemen­t interdit les vide-greniers et brocantes et c’est là qu’elle s’approvisio­nne. «J’aiencore un peu de marge, dit-elle en regardant ses étagères pleines dans l’atelier, mais quand même… » Il reste les particulie­rs bien sûr qui, s’ils ont envie de quelque chose de spécial, peuvent s’adresser à Bea Yato par son Instagram.

Et puis, après le confinemen­t, la vie, les projets reprendron­t normalemen­t. « Beaucoup de projets ont été mis en attente malheureus­ement… » Il en est un que l’artiste ne lâchera pas. Jamais : « Celui de montrer que le sud, que Cannes, n’est pas la région du bling bling. Qu’il y a des artistes, des artisans, de vrais créateurs avec de belles démarches… »

Un vrai challenge, qui mérite d’être relevé et soutenu !

 ?? (Photos Patrice Lapoirie) ?? Seize heures pour réaliser une assiette. Chaque fois un modèle unique. Bea Yato a réalisé  collection­s.
(Photos Patrice Lapoirie) Seize heures pour réaliser une assiette. Chaque fois un modèle unique. Bea Yato a réalisé  collection­s.
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