Comment garder le moral face à l’épidémie
C’est l’autre conséquence du virus. Un risque maximum de dépression, à la hauteur de nos privations. Mais tout n’est pas perdu. Le soleil aidant, un pari : les Azuréens tiendront bon…
Essoufflement, fièvre, courbatures, perte de l’odorat et du goût, céphalées… On croyait tout connaître des symptômes du virus. Il en est d’autres que les médecins n’avaient peut-être pas prévus : morosité, tristesse, abattement, troubles de la concentration, insomnie, entorses aux bonnes règles de l’alimentation, propension à de nouvelles addictions.
Ces indicateurs d’un état dépressif avaient déjà été révélés par le premier confinement. Avec le second, les assauts sont de plus en plus difficiles à prévenir. Et c’est Jérôme Salomon qui le dit. Mardi, cette réflexion du directeur général de la Santé, à l’occasion de son point régulier, n’est pas passée inaperçue : « Nous devons tous être sensibilisés aux conséquences de l’épidémie de Covid-19 sur la santé mentale de la population. Cette épidémie est stressante, anxiogène et peut générer une souffrance psychologique pour nombre d’entre nous. » Un sondage Ifop/consolab publié le 12 novembre le confirme : 28 % des Français ont «mauvais moral», contre 20 % lors du premier confinement. Et 12 % il y a un an.
Les bienfaits du confinement
Pourquoi ce glissement ? Parce que la réunion des privations dont il faut peu ou prou s’accommoder passe de plus en plus difficilement dans l’opinion, et par conséquent, dans les comportements. Si le principe du confinement lui-même est parfois contesté, y compris par une infectiologue réputée, la plupart des experts s’accordent à en souligner les bienfaits. C’est simple, en Chine, où les Covid + ont été systématiquement isolés, la progression du virus a été carrément enrayée. Impossible d’envisager des mesures aussi drastiques dans nos démocraties. Est-ce une raison pour laisser s’imposer une sorte de laisser-aller généralisé où chacun contourne le règlement, ruse avec les attestations et joue avec sa conscience ? En se souciant finalement assez peu des conséquences d’un tel, relâchement. Alors que les élèves infirmiers doivent provisoirement renoncer à leur formation et que les internes se redéploient dans des services hospitaliers au bord de la saturation, comme à Grasse, cette distorsion peut choquer.
Les personnes âgées premières victimes
On maugrée un peu facilement à la vue de seniors en goguette, prompts à fréquenter les rayons des supérettes pour deux bricoles à ranger dans le panier, En attendant, des personnes âgées, mais pas seulement elles, déjà sujettes à l’isolement, se renferment littéralement dans leur appartement, ignorant toute vie sociale, négligeant de sortir, s’excluant progressivement de leur vie d’avant pandémie. Contre ce renoncement, on peut s’ériger en voisin vigilant. Et prendre à son compte les conseils du psychiatre [lire ci-dessous] pour déceler les signes d’un état dépressif et prévenir une aggravation des symptômes. Un peu d’exercice, d’attention, des coups de fil, un rayon de soleil, des programmes télé choisis plutôt que subis… Ce que le virus n’a pas attaqué, il ne faut pas le laisser s’abîmer en s’excluant de la société. Préservons ce qui peut l’être de notre biotope, déjà passablement dégradé.