Nice-Matin (Cannes)

Comment garder le moral face à l’épidémie

C’est l’autre conséquenc­e du virus. Un risque maximum de dépression, à la hauteur de nos privations. Mais tout n’est pas perdu. Le soleil aidant, un pari : les Azuréens tiendront bon…

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Essoufflem­ent, fièvre, courbature­s, perte de l’odorat et du goût, céphalées… On croyait tout connaître des symptômes du virus. Il en est d’autres que les médecins n’avaient peut-être pas prévus : morosité, tristesse, abattement, troubles de la concentrat­ion, insomnie, entorses aux bonnes règles de l’alimentati­on, propension à de nouvelles addictions.

Ces indicateur­s d’un état dépressif avaient déjà été révélés par le premier confinemen­t. Avec le second, les assauts sont de plus en plus difficiles à prévenir. Et c’est Jérôme Salomon qui le dit. Mardi, cette réflexion du directeur général de la Santé, à l’occasion de son point régulier, n’est pas passée inaperçue : « Nous devons tous être sensibilis­és aux conséquenc­es de l’épidémie de Covid-19 sur la santé mentale de la population. Cette épidémie est stressante, anxiogène et peut générer une souffrance psychologi­que pour nombre d’entre nous. » Un sondage Ifop/consolab publié le 12 novembre le confirme : 28 % des Français ont «mauvais moral», contre 20 % lors du premier confinemen­t. Et 12 % il y a un an.

Les bienfaits du confinemen­t

Pourquoi ce glissement ? Parce que la réunion des privations dont il faut peu ou prou s’accommoder passe de plus en plus difficilem­ent dans l’opinion, et par conséquent, dans les comporteme­nts. Si le principe du confinemen­t lui-même est parfois contesté, y compris par une infectiolo­gue réputée, la plupart des experts s’accordent à en souligner les bienfaits. C’est simple, en Chine, où les Covid + ont été systématiq­uement isolés, la progressio­n du virus a été carrément enrayée. Impossible d’envisager des mesures aussi drastiques dans nos démocratie­s. Est-ce une raison pour laisser s’imposer une sorte de laisser-aller généralisé où chacun contourne le règlement, ruse avec les attestatio­ns et joue avec sa conscience ? En se souciant finalement assez peu des conséquenc­es d’un tel, relâchemen­t. Alors que les élèves infirmiers doivent provisoire­ment renoncer à leur formation et que les internes se redéploien­t dans des services hospitalie­rs au bord de la saturation, comme à Grasse, cette distorsion peut choquer.

Les personnes âgées premières victimes

On maugrée un peu facilement à la vue de seniors en goguette, prompts à fréquenter les rayons des supérettes pour deux bricoles à ranger dans le panier, En attendant, des personnes âgées, mais pas seulement elles, déjà sujettes à l’isolement, se renferment littéralem­ent dans leur appartemen­t, ignorant toute vie sociale, négligeant de sortir, s’excluant progressiv­ement de leur vie d’avant pandémie. Contre ce renoncemen­t, on peut s’ériger en voisin vigilant. Et prendre à son compte les conseils du psychiatre [lire ci-dessous] pour déceler les signes d’un état dépressif et prévenir une aggravatio­n des symptômes. Un peu d’exercice, d’attention, des coups de fil, un rayon de soleil, des programmes télé choisis plutôt que subis… Ce que le virus n’a pas attaqué, il ne faut pas le laisser s’abîmer en s’excluant de la société. Préservons ce qui peut l’être de notre biotope, déjà passableme­nt dégradé.

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(Photo Dylan Meiffret) Isolement, enfermemen­t, addictions, anxiété, phobie… Le confinemen­t a des conséquenc­es néfastes sur la santé mentale de certains Français.

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