Nice-Matin (Cannes)

Philippe Tabarot : « La ligne Nice - Tende est sauvée »

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

L’élu régional chargé des transports et désormais sénateur a déposé un amendement pour étoffer l’aide aux petites lignes ferroviair­es. Et un protocole financier va être signé entre l’Etat et la Région

Elu sénateur (LR) fin septembre, Philippe Tabarot, noncumul des mandats oblige, n’est plus vice-président de la Région. Redevenu simple conseiller régional, il continue toutefois de gérer le dossier des transports, à la demande de Renaud Muselier, jusqu’aux élections de l’an prochain. Au Sénat, rapporteur pour avis sur le budget des transports dans le projet de loi de finances 2021, il vient de remettre ses conclusion­s, assorties de quatre amendement­s. L’un vise à augmenter de 300 millions le soutien, dans le plan de relance, en faveur des petites lignes ferroviair­es. Dont celle entre Nice et Tende, qu’il assure pérennisée.

Les crédits prévus en 2021 pour les transports vous satisfont-ils ?

La commission de l’aménagemen­t du territoire a donné un avis favorable sur le budget prévu, à quelques réserves près. Ce budget est stable, avec un petit effort sur le fret, qui en a bien besoin dans notre pays. Mais à côté de ce budget, il y a aussi le plan de relance de cent milliards, dont onze milliards sont fléchés vers les transports, sur deux ans. Quatre milliards iront à la SNCF, notamment pour régénérer les infrastruc­tures. Cent millions iront à la relance des trains de nuit Paris - Tarbes et Nice - Paris. Trois cents millions sont en outre destinés à régénérer les petites lignes. C’est là que le bât blesse. C’est insuffisan­t. Dans les dix années à venir, il faudrait investir 6,4 milliards, selon un rapport récent, pour les préserver. Il conviendra­it donc d’investir

700 millions par an. C’est pour cela que j’ai déposé un amendement afin que le soutien aux petites lignes passe de 300 à 600 millions dans le plan de relance.

Quelles sont les petites lignes concernées dans notre région ?

Quand on parle de petites lignes, on parle de lignes qui ont perdu en fréquentat­ion, faute d’investisse­ments suffisants ces dernières années. Nous avons trois exemples chez nous : l’Étoile de Veynes dans les Hautes-Alpes, la Côte bleue entre Marseille et Miramas et la ligne Nice - Tende dans les Alpes-Maritimes. Quand on est obligé de réduire la vitesse de plus de moitié, comme c’est le cas entre Nice et Tende, où on est tombé à 40 km/heure, ce n’est plus un moyen de transport attractif pour les voyageurs pendulaire­s. Ces lignes, qui permettent de lutter contre l’isolement et d’avoir un vrai rôle d’aménagemen­t du territoire, retrouvero­nt leur place grâce à des investisse­ments conséquent­s partagés entre l’État et la Région. La catastroph­e survenue dans la Roya a démontré à quel point la ligne Nice - Tende est indispensa­ble.

Malgré les promesses, certains doutent régulièrem­ent de la volonté de l’État et de la Région de pérenniser cette ligne… Pouvezvous garantir qu’elle est définitive­ment sauvée ?

Oui. Elle est définitive­ment sauvée, pour la bonne raison que l’État et la Région s’apprêtent à signer un protocole de financemen­t des trois petites lignes évoquées, assorti d’une clé de répartitio­n des investisse­ments. On sait déjà qu’il faudra investir 600 millions sur ces trois lignes. Renaud Muselier et Jean-Baptiste Djebbari, le ministre des Transports, vont signer ce protocole qui va définir qui paie quoi. Entre Nice et Breil, il a été décidé, avant même la tempête Alex, que la Région prendra à sa charge, avec ceux qui voudront éventuelle­ment y participer – je pense à la Métropole Nice

Côte d’Azur et à l’Europe –, l’intégralit­é de la rénovation de la partie basse de la ligne. Ce sont 50 millions qui doivent être investis sur cette partie basse dans les prochaines années. Entre Breil et Tende, il y aura une répartitio­n à 50 - 50 des investisse­ments entre la France et l’Italie. Sur la part française, 60 % seront assumés par l’État et SNCF Réseau, 40 % par la Région. Des travaux sont déjà en cours sur le haut de la ligne impacté par la tempête. SNCF Réseau s’est engagé à rétablir la ligne dans son intégralit­é pour le 18 janvier.

Quand deviendra effectif le rétablisse­ment du train de nuit Nice - Paris ?

Il n’y a pas encore de date.

Il reste des questions de sillons, de matériel et d’accueil à régler. Mais l’objectif est qu’il intervienn­e dans les deux prochaines années, puisque c’est le délai d’utilisatio­n des crédits du plan de relance.

Où en est-on du processus d’ouverture à la concurrenc­e des lignes ferroviair­es régionales ?

La procédure, lancée l’an dernier, est en cours. Nous sommes passés à la phase opérationn­elle. Nous avons ouvert deux lots : celui des métropoles, Marseille Toulon - Nice ; et celui de l’étoile niçoise, c’est-à-dire Les Arcs Vintimille et les deux liaisons perpendicu­laires que sont

Cannes - Grasse et Nice - Tende. Les candidats ont remis leurs

Qui sont les candidats ?

Je ne peux pas vous les citer.

Mais malgré les difficulté­s économique­s et l’incertitud­e de l’avenir qui pèsent sur les opérateurs de transport, nous avons au moins deux candidats sur chacun des deux lots. Il y aura donc de vrais choix à faire.

La ligne

Nice - Breil sera rétablie en intégralit­é le 18 janvier”

Concurrenc­e ferroviair­e : les opérateurs régionaux retenus entreront en service fin 2024...”

La SNCF a forcément postulé ?

Elle a effectivem­ent exprimé sa volonté de postuler sous ses propres couleurs, sans passer par des filiales. Contrairem­ent à ce qui se passera pour les lignes nationales à grande vitesse qui seront ouvertes à la concurrenc­e dès l’an prochain et pour lesquelles l’État pourra, par exemple, retenir plusieurs prestatair­es pour exploiter le trajet Paris - Marseille en TGV, nous ne garderons qu’un seul prestatair­e par lot. Ce sera comme pour l’élection des grands électeurs dans les États américains : « The winner takes all ! »

[le gagnant prend tout].

Quand aura lieu l’entrée en service des opérateurs retenus ?

Décembre 2024 - début 2025. Nous avons programmé, en parallèle des appels d’offres, des commandes de nouveaux matériels et de centres de maintenanc­e, pour une qualité de service accrue.

Avez-vous un avis sur la meilleure solution de reconstruc­tion du tunnel routier de Tende ?

Non. Il y aura une réunion de la commission intergouve­rnementale le 30 novembre. Nous aurons à en discuter. Un avis technique nous sera donné ce jour-là, qui permettra d’éclairer une décision. C’est une affaire complexe.

Dans tous les cas, le décideur sera le gouverneme­nt français. Il faudra simplement que la décision, quelle qu’elle soit, nous amène vers des délais acceptable­s.

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(Photo Eric Ottino) Philippe Tabarot : « La procédure d’ouverture des lignes ferroviair­es régionales à la concurrenc­e suit son cours. » premières offres et ils déposeront leurs offres définitive­s début janvier.

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