Racket sur fond de municipales à Menton : les suspects déférés
Les enquêteurs de la PJ s’interrogent sur l’étrange porosité entre le milieu du banditisme azuréen et des membres de l’équipe de campagne d’Olivier Bettati
Le milieu du grand banditisme azuréen était-il en train de faire main basse sur Menton ? C’est en tout cas la conviction que semblent avoir acquise les enquêteurs de la PJ et du GIR. Au terme de plus d’un an d’étroites surveillances et d’écoutes téléphoniques, les policiers ont mené lundi un vaste coup de filet dans les Alpes-Maritimes, mais aussi le Var, les Alpes-deHaute-Provence, l’Oise, la HauteCorse et même en Espagne.
C’est d’ailleurs dans le sud de la péninsule ibérique, à Malaga, que le présumé « parrain » de ce qui serait, ni plus ni moins, qu’une recomposition du milieu azuréen a été interpellé. Si lui se trouve toujours en rétention en attendant une éventuelle extradition, plus de trente personnes ont été interpellées lundi lors de ce retentissant coup de filet. Elles sont suspectées d’avoir organisé une opération d’extorsion de fonds à grande échelle dont les principales cibles étaient des commerces de la région mentonnaise : des bars et restaurants, mais aussi des garages automobiles, des entreprises du bâtiment et de travaux publics, des plages privées... Cette présumée organisation criminelle est également suspectée de tenir des cercles de jeu clandestins à Nice, d’avoir perpétré des vols en bande organisée et bien sûr de blanchir le butin de ses forfaits.
Les voyous, la policière et les politiques
Ce sont, en tout cas, les soupçons étayés par de nombreuses écoutes téléphoniques, que les policiers tentent de corroborer depuis quatre jours au travers d’interrogatoires marathons. Ils auront donc utilisé jusqu’aux dernières heures de garde à vue pour établir précisément les liens reliant entre eux plusieurs figures historiques du milieu azuréen, mais aussi une fonctionnaire de police qui aurait livré des informations sensibles aux voyous, ainsi que l’ancien patron de la police municipale niçoise et Olivier Bettati, candidat malchanceux à la mairie de Menton en juin dernier. Car, au fil de leurs investigations, les enquêteurs auraient découvert une étrange porosité entre cette bande criminelle et des membres de l’équipe de campagne d’Olivier Bettati qui, en juin dernier, a tenté en vain de ravir son fauteuil de maire à Jean-Claude Guibal. Cette présumée entreprise criminelle qui aurait ainsi tenté de faire main basse sur Menton, visait-elle, au-delà du racket de ses commerçants, l’hôtel de ville et les marchés publics ? C’est toute la question qui se pose... Et qui continue d’être posée aux suspects. Car, si les défèrements ont débuté hier, les principaux protagonistes de cette présumée affaire politico-mafieuse ne doivent être déférés qu’aujourd’hui au tribunal de grande instance de Marseille. La juge Grandjouan décidera alors de leur sort judiciaire, voire de leur éventuel placement en détention provisoire.